5, c’est parfait comme note pour exprimer mes hésitations, mes doutes !
Je me suis accroché à ce film avec beaucoup de patience et de bonne volonté, sincèrement. J’avais adoré *Bullet Train *et je me suis dit « chouette, encore un film dans un train, je fonce ». Je ne connaissais ni le réalisateur, ni l’œuvre originale (bien que le film s’en soit très librement inspiré apparemment), mais je pense que le film ne rend honneur ni à l’un, ni à l’autre.
Malgré mon attachement à la force de la convention, grâce à laquelle tout est envisageable (et notamment cette idée de train qui ne s’arrête jamais, assez sympathique), il demeure quand même un certain nombre de problèmes qui ne passent pas, et qui ne peuvent passer qu’à condition de s’enticher des points positifs !
Parce qu’il y en a, et c’est ça le pire: il y en a même beaucoup ! Le film parvient la plupart du temps à se créer son atmosphère (relativement sombre, tout de même, malgré les pointes d’humour dont il ne faut pas exagérer l’importance,
À part lors de la scène du nouvel an, je ne me suis personnellement pas effondré de rire devant le train en train de dévaler des centaines de mètres
) et chaque wagon a un petit quelque chose qui le distingue des autres. Néanmoins, il y a nécessairement des ellipses, et celles-ci entravent la découverte du monde que le réalisateur nous présente: il aurait été agréable de voir, ne serait-ce qu’un instant, où tous les passagers après les queutards dorment, ou bien comment les belles carcasses que l’on voit suspendues sont élevées. La succession des wagons est originale, mais laisse un arrière-goût amer:
Je m’amuse personnellement à m’imaginer que les enfants, pour aller à l’école, doivent traverser les carcasses de cochons et autres viandes, puis passer dans le wagon à sauna… quelle vie !
En effet le film nous incite à apprécier le réalisme de certaines scènes, et en même temps sous-entend une certaine débrouillardise chez le spectateur qui doit recoller les morceaux tout seul. Ce n’est pas toujours évident !
Je reviens rapidement sur le bon du film, qui m’a fait hésiter à monter jusqu’à 7: on s’attache à la cause des queutards (pas trop aux personnages, sauf le duo père-fille assez sympathique) L’évolution de cette cause est servie par un cadrage souvent formidable, des actions spectaculaires et des décors grandioses. L’action est rythmée avec ses pics, ses pauses, et toujours une caméra qui sait où se placer. On se scandalise de la découverte, vraiment atroce, il faut le dire, de l’origine des barres de protéines, et on veut vraiment les voir réussir à prendre le contrôle du train.
C’est précisément là où, pour moi, tout s’effondre, et me hurle de descendre à 3. Je ne réclame pas aveuglément un happy ending, mais quitte à hériter de certains artifices du blockbuster, autant prendre celui-ci, au lieu de
la figure archi-clichée du méchant charismatique et très posé qui se tape un bon steak face au héros impuissant, ou bien PIRE ENCORE ce mec qui ne parle pas mais est capable de voir et de tirer sur des personnes à plusieurs centaines de mètres dans un virage le plus long du monde (le train a dû ralentir pour la descente, je présume !), et qui, EN PLUS, ne meurt jamais, non mais qu’est-ce qui a pris au réalisateur de conférer une immortalité provisoire à ce type !??
et de gâcher ainsi une grande partie de l’originalité du film !
Je reviens maintenant sur la fin, où je divulgâche ouvertement, donc attention:
Qui pouvait bien espérer une telle fin ?? J’écris certes cette critique à chaud, mais elle ne me satisfait aucunement ! Je veux dire, ayant à montrer un tel déraillement, il faut s’attendre à ce que le spectateur éprouve quelque difficulté à concevoir que deux petits êtres aient survécu sans demander à voir les éventuels autres survivants ! Sans quoi l’on s’imagine qu’ils ne sont que deux (et dans ce cas deux sera aussi le nombre de jours qu’ils vont tenir dans cette situation). Et, même s’ils sont davantage, rien n’indique que les esprits les plus tordus n’aient pas survécus eux aussi. Mais, en réalité, ne sont-ils pas tous un peu fous dans ce film ? Les sains d’esprit ne sont en tout cas pas légion, ce qui pose nécessairement un problème d’identification, mais je ne suis pas sûr que cela justifie la mise à mort de tout l’équipage (car étant donné cette chute, je ne serais pas étonné que quelques dizaines à peine demeurent en vie). N’aurait-il pas été plus simple de laisser Captain America prendre le contrôle du train, et instaurer une société plus égalitaire dans laquelle le concept de classe sociale serait aboli au profit d’une société humaine une et indivisible, et- Pardon, je m’emporte un peu, et devrait Marx là où il est (pourtant, la carte du marxisme est réellement employée dans ce film, alors autant la jouer jusqu’au bout !).
Je suis frustré, voilà le mot, je pense, qui m’a motivé à re-publier sur SensCritique après si longtemps.
Je continue de penser pourtant que ce film est à voir, à mon avis, et qu’il est nécessaire que chacun se forge son propre avis, car même à la lecture des nombreux avis SensCritique j’ai bien l’impression que ce film divise !