Au départ, on pense que le post-apo sera le sujet du film. Bien vite, on se rend compte qu’il s’agira d’autre chose : une satyre politico-sociale mise en image de manière vidéo-ludique par un cinéaste talentueux dont la mise en scène hybride est au service des personnages et de leur cheminement.

Vidéo-ludique car il s’agit d’évoluer d’un point A à un point B en passant par une succession de wagons « salles-épreuves » à la fonctionnalité bien définie. Le point A étant l’arrière crade du train ou cette classe sociale de sous-ouvriers est exploitée et contrôlée par « les autres » prépare sa rébellion, et ambitionne de rejoindre l’hypothétique exutoire à leur situation, le Point B, l’avant du train. Cette orientation est un choix plus que judicieux car il permet de renouveler régulièrement l’implication du spectateur via la compréhension de plus en plus complète de ce train-univers.

Le discours politique est aussi très présent, quoique peu original. Cette lutte des classes sur fond de révolution a déjà été vue dans des classiques comme soleil vert ou même, rien que cette année, dans Elysium, ou le schéma politico-science-fictionnel est déroulé avec moins d’acuité et d’efficacité. Ce discours s’estompe néanmoins au cours du film, au profit d’une dimension plus humaine d’un coté, et d’une logique scientifique de l’autre.

Le film reflète surtout la vision de l’humanité par Bong Joon Ho. Car chaque personnage n’est finalement que l’expression d’un sentiment plus ou moins négatif. Même si la mise en scène de BJH peut parfois, comme d’habitude dans son cinéma, désamorcer par l’humour (noir) certains moments très violents, durs ou cruels, on n’en retient pas moins une vision pessimiste de l’avenir de l’homme.

Héros ou méchant, ces termes n’existent pas vraiment dans Snowpiercer. Chacun agit selon des motivations qu’il est impossible de deviner avant qu’elles soient expliquées.
Force et limite du film, car arrivés vers la fin, on attend simplement une explication de plus pour combler les trous scénaristiques. Celle-ci, d’ailleurs, n’atteint pas totalement son objectif: Un petit arrière goût de trop plein d’informations vient atténuer la puissance du propos.

Snowpiercer, un film oignon ou les couches successives (scénaristiques, émotionnelles et esthétiques) forment un tout cohérent et passionnant.
Georgelechameau
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Les meilleurs films de 2013

Créée

le 13 déc. 2013

Critique lue 275 fois

Georgelechameau

Écrit par

Critique lue 275 fois

D'autres avis sur Snowpiercer - Le Transperceneige

Snowpiercer - Le Transperceneige
Strangelove
8

I like Trains !

Comment vous expliquez cela ? Comment vous exprimer toute l'excitation qui est la mienne à la sortie de ce film ? Je l'attendais vraiment énormément. Certes moins que Gravity. Mais au final, le film...

le 30 oct. 2013

170 j'aime

27

Snowpiercer - Le Transperceneige
Sergent_Pepper
5

Notre train (train) quotidien

Face à Snowpiercer, deux choix s’offrent au cinéphile : voir un blockbuster de qualité, ou voir le décevant nouveau film de Bong Joon-Ho. Pour peu qu’on m’ait trainé dans un cinéma pour un film...

le 9 déc. 2013

149 j'aime

20

Snowpiercer - Le Transperceneige
Gand-Alf
8

L'esprit dans la machine.

A l'instar de ses compatriotes Park Chan-Wook et Kim Jee-Woon, le sud-coréen Bong Joon-Ho tente à son tour de séduire le marché international avec cette co-production entre la Corée du Sud, les USA...

le 15 nov. 2013

124 j'aime

3

Du même critique

Supercondriaque
Georgelechameau
6

Respecter le film pour ce qu'il est : une comédie populaire réussie

Il est facile de cracher sur cette catégorie de films qu'est la comédie populaire : Dany Boon utilise une fois de plus des moyens colossaux pour pondre un film somme toute moyen, dont le succès...

le 26 févr. 2014

26 j'aime

3

John et Mary
Georgelechameau
7

Cette histoire d'amour à 45 ans... Ben on dirait pas. C'est John and Mary

John (Dustin Hoffman) est un mec plutôt négatif. Il considère la Femme comme manipulatrice et traître, ne lui fait pas confiance. Après, il sort d’une relation mal terminée, enfin d’ailleurs pas tant...

le 15 févr. 2014

7 j'aime

La Belle et la Bête
Georgelechameau
5

Pourquoi, Christophe? Comment?

L’histoire, tout le monde la connaît. Même moi qui n’ai vu aucune autre version du conte, Disney, Cocteau ou autre : La Belle (Léa Seydoux) se retrouve prisonnière de la Bête, cherche à...

le 18 févr. 2014

4 j'aime

2