Soul Kitchen par marielagoub
Troisième long-métrage du réalisateur allemand Fatih Akin, Soul Kitchen qui reprend le célèbre titre des Doors est une comédie fraîche et légère quoiqu'un peu facile. L'histoire est celle de Zinos, restaurateur trentenaire à Hambourg qui traverse une période difficile : sa copine part vivre en Chine, son chef cuistot caractériel adepte de nouvelle cuisine ne plaît pas aux habitués de son rade pourri... Par-dessus le marché, Zinos se bloque le dos.
Soul Kitchen est une comédie qui n'a pas d'autre prétention que de nous faire passer un bon moment. En cela, Fatih Akin a réussi son travail. Le film enchaîne gags burlesques, situations cocasses et transmet une énergie définitivement positive. La direction d'acteurs et le casting sont brillants. L'excellente bande originale suit l'évolution de la narration ce qui fait parfois défaut aux films qui nous en mettent plein les oreilles. Les succès soul et rock ont été choisis pour notre plus grand plaisir.
Toutefois, après son premier film chef-d'œuvre (Head On) et un deuxième film très réussi (De l'autre côté), on attendait mieux de lui. La ville d'Hambourg y est montrée à plusieurs reprises dans des cadres bien construits aux lignes savamment étudiées. Mais ces pauses narratives-là fonctionnent-elles vraiment avec la dynamique du film ? Les séquences les plus réussies sont celles de groupe. Il s'y trouve une poésie propre au réalisateur et une utopie de ce que pourrait être une communauté libre, heureuse et harmonieuse.
Ce qui manque au film, c'est sans doute ce moment où tout décolle et où l'on part vraiment dans le délire. On a l'impression que Fatih Akin n'a pas su choisir entre un film complètement déjanté à la Las Vegas Parano ou à la Kusturica et une peinture allemande contemporaine des difficultés universelles du vivre ensemble. On ressort de la séance avec la sensation de s'être bien amusé mais est-ce suffisant pour dire qu'un film est réussi ?