le 8 déc. 2020
"Il n'y a rien à réparer ici"
Un long plan inaugural sur Ruben, batteur de rock, torse nu, aux cheveux blonds peroxydés. Il accompagne Lou, chanteuse/guitariste vociférant au micro. Un concert de grunge quelque part aux...
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Un long plan inaugural sur Ruben, batteur de rock, torse nu, aux cheveux blonds peroxydés. Il accompagne Lou, chanteuse/guitariste vociférant au micro. Un concert de grunge quelque part aux Etats-Unis dans un lieu interlope, devant une petite foule de passionnés. Puis, d’un coup, l’ouïe de Ruben se trouble. Le monde s’assourdit.
Un acouphène vient gêner le musicien en plein effort, le titre s'affiche : Sound of Metal.
Cette introduction brutale vient nous montrer tout ce dont ne traitera pas le film : de musique, de rock, de scène. En effet, le véritable thème de ce premier film très réussi de Darius Marder est plus inattendu : la résilience.
Multipliant les défis (tourné en pellicule, dans l’ordre chronologique et ayant nécessité une préparation intense), Sound of Metal est un écrin pour ses interprètes.
Riz Ahmed, souvent marquant dans des seconds rôles au cinéma (Rogue One, Les Frères Sisters, Night Call) est incandescent dans le rôle de Ruben, ce batteur de rock, ancien toxicomane, amoureux jusqu’à la dépendance, soudainement atteint de surdité. Ce que l’acteur parvient à faire passer par sa rage, l’intensité de son regard est tout simplement remarquable et pourrait lui valoir de nouveaux honneurs, deux ans après son Emmy Award pour la mini-série HBO, The Night Of.
Olivia Cooke n’est pas en reste et livre une partition subtile, la soudaine surdité de son compagnon et l’arrêt de leur projet musical la confrontant à ses vieux démons.
Le premier métrage de fiction de Darius Marder (scénariste sur The Place Beyond the Pines) prend le temps de développer ses personnages et captive par la progression organique de son scénario en plusieurs étapes, semblables à celles d’un deuil. Il s’attache à nous faire ressentir concrètement les difficultés de la surdité pour un ancien entendant. Ainsi, le travail effectué sur le mixage son est tout simplement époustouflant. Des séquences inventives et oppressantes nous sont offertes par le biais des oreilles de ce protagoniste.
Qu’entend-on, au juste, quand on est sourd ?
Pas un silence total et c’est justement un des défis du film : nous donner à entendre le quasi inaudible de manière sensorielle.
Pour s’immerger dans ce monde, Riz Ahmed explique : « J’ai utilisé des implants pour de nombreuses scènes afin de simuler la perte auditive. Les implants vont à l’intérieur de l’oreille et simulent un bruit blanc puissant, de sorte que je ne pouvais même pas entendre ma propre voix, ce qui était vraiment déroutant. Cela fait naître un genre de désespoir, comme s’il était désormais impossible de se connecter aux autres. » ce qui n’était qu’un des nombreux défis attendant l’acteur anglais qui a également dû apprendre à jouer de la batterie et à s’exprimer en langage des signes pour les besoin du rôle.
Sans révéler le cœur de l’intrigue, Ruben va devoir laisser son ancienne vie derrière lui, faire son introspection et évoluer. Film de rééducation, de réapprentissage, dans un monde où chacun est assigné à prendre rapidement sa place, Sound of Metal fait la part belle aux parcours fracassés, à la déconnexion, à la débrouille et aux errements de l’âme.
Critique à retrouver sur Le Monde du Ciné : http://www.lemondeducine.com/sound-of-metal-critique
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le 8 déc. 2020
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