La bande-annonce promettait qu'on allait voir ce qu'on allait voir. Réalisé par une femme, porté par un (impressionnant) casting de femme, destiné aux femmes mais aussi (précision qui réhaussait ma curiosité) "aux hommes qui les aiment", ce film devait enterrer tous ces films qui caricaturaient et cantonnaient les femmes à des rôles bien fade.
Voilà grosso-modo, les raisons pour lesquelles ce film paraissaient en valoir la peine.
Cependant, c'est tout l'inverse qui en ressort au moment où la lumière se rallume.
Si le principe du film choral n'est pas à remettre en cause, c'est la manière dont se "croisent" ces destins qui "interpelle": certains parleront de destin, d'autres argueront du chipotage, mais tout de même sur les 11 personnages féminins, toutes viennent d'Île-de-France (malgré une superficie de plus de 12 000 km²), de la ville de Paris (et même Paris intramuros) et quasiment du même quartier (attention pas d'antiparisianisme dans mes propos). Mais bon je cherche la petite bête...
Ensuite, vient justement la galerie de personnages présentée: on sent une volonté de montrer la femme sous différentes formes, tant par le nombre (11 donc) que par sa diversité. Mais c'est là que le film se perd: derrière cette bonne intention, faire donc le portrait de ce que peut être une femme aujourd'hui, on voit poindre ici tout le contraire. On peine à croire aux tourments de la mère voyant sa fille devenir femme ce qui, soit dit en passant, débouche...sur une braderie...tout comme on est un peu mal à l'aise devant les grimaces d'une Julie Ferrier avide de nouvelles expériences. Et que dire de l'intrigue autour du couple Nakache/Gouix qui interloque tant dans sa construction que dans son dénouement.
Bien sûr, il ne s'agit pas de remettre en cause le film. Le cinéma français manque de comédie et plus généralement, le 7ème art peine à offrir des rôles loin des sentiers battus pour la gente féminine: si on voulait caricaturer, on pourrait dire que le panel des rôles proposés aux femmes tend aux extrêmes entre bimbo/jeune première et ensuite femme mûre/mamie...il y a donc un vide entre les deux ce qui confine les femmes à des rôles éculés...ce qui peut paraître rétrograde, caricatural et assez paradoxal pour un genre qui se veut le miroir de notre société.
Néanmoins, le film semble victime de ses bonnes intentions: à vouloir démontrer la force des femmes (ce que je ne conteste pas bien au contraire), il montre le contraire. Où comment "réduire" les femmes à une réunion autour d'un verre et ne parlant que de sexe. Où comment qualifier d'échec, la vie d'une mère de famille qui n'a que 27 ans et 4 enfants. Sans oublier bien sûr la complainte de la femme briseuse de ménage, en pleine introspection et qui est prête à tout pour se marier...
Ce film, comme bien d'autres hélas, tombe dans une certaine facilité. Où l'ambition ne peut rimer avec socialisation. Où finalement, pour contrecarrer cette tendance de la société à la misogynie, il fallait...idéaliser. Idéaliser l'aménorrhée, idéaliser l'adultère, idéaliser les imprévus de la vie, idéaliser le nouvel élan que peuvent se donner des individus à un instant T. Le film enjolive le tout donc dans une certaine forme de naïveté qui semble desservir la cause qu'elle défend. & tomber à pied joint dans les travers qu'elle veut combattre. On peut citer pêle-mêle: rôle des hommes réduit à peau de chagrin, casting masculin aux profils monolithiques et aberrants, sans prénoms en plus, caricature dans les comportements...ce qui pouvait passer pour un joli contre-pied s'avère contre-productif entre l'avocat mignon, le gyneco fidèle mais compatissant jusqu'à la niaiserie, le papa dé-bor-dé par ses enfants forcément aussi gauche qu'assisté...loin de moi l'idée de remettre en cause la véracité de ces personnages, mais outre leurs manques d'originalité, on note ici un manque d'épaisseur et un côté...réducteur.
Seuls rayons de soleil: la bande-son d'Imany pleine d'énergie et qui aide à passer un bon moment. Les quelques rires décrochés sont sans conteste à mettre au crédit de Marina Hands dont les scènes et les répliques valent le détour. Mention spéciale aussi pour Audrey Fleurot et son interprétation.
Bref, un film décevant et bien loin d'être LA comédie tournant tant attendue. Dommage...
RaZom
2
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Même avec un Pass, ça ne passe pas... et 2014, & le rideau sur l'écran est tombé

Créée

le 8 juin 2014

Critique lue 406 fois

3 j'aime

RaZom

Écrit par

Critique lue 406 fois

3

D'autres avis sur Sous les jupes des filles

Sous les jupes des filles
Leenne
3

"Un film par les femmes, pour les femmes...

.. mais non féministe." Au moins, on pourra pas dire qu'on n'était pas prévenu(e)s. Je suis tranquillement chez ma pote, quand elle me propose d'aller au ciné, et me parle de ce film. Je ne suis plus...

le 11 juin 2014

54 j'aime

Sous les jupes des filles
Kateriná_Snezan
5

Malaise générationnel et supposé féminisme contradictoire

Ce film est paradoxal. Première scène légèrement incompréhensible, on ne sait pas trop où la réalisatrice veut nous emmener (fumer sur son lit en mode déprime puis s'enfiler un tampon sous le drap...

le 5 juin 2014

20 j'aime

3

Sous les jupes des filles
bibabou
1

Critique de Sous les jupes des filles par bibabou

Non seulement ce film m'a ennuyée, mais il m'a presque révoltée. Sous un supposé vent libérateur qui permettrait aux femmes d'"enfin" avoir le droit de péter, avoir leurs règles et faire l'amour...

le 9 juin 2014

17 j'aime

Du même critique

Mad Max - Fury Road
RaZom
8

Mil(a)ler…

Se rendre au cinéma a tout de l’expérience intimiste voire égoïste aujourd’hui. Adieu l’équarrissage de titres anglais devant le caissier, bonjour donc écran digital (voire réservation sur...

le 20 mai 2015

34 j'aime

2

Papa ou Maman
RaZom
7

(L’un) perd & (l’autre) mer(de)

Arpenter assidument les salles obscures a un effet pervers, celui de devoir (re)revoir les mêmes bandes-annonces. Celle de "Papa ou Maman" contenait deux écueils : celui de poursuivre jusqu’à la lie...

le 11 févr. 2015

30 j'aime

1

La Mort est mon métier
RaZom
8

Son honneur s’appelait fidélité…

L’un des avantages de l’incursion de l’Histoire dans la littérature est cette possibilité de réconcilier les partisans d’une Histoire délaissée par l’Education Nationale et ceux défendant sa...

le 7 avr. 2015

26 j'aime

9