À revoir ce slasher des années 90, j’ai la confirmation de préférer ceux de la fin des années 70 et des années 80. Avec les années 90, c’est l’apparition des beaux gosses et des jolies gonzesses au détriment des jeunes adultes passe-partout souvent plus intéressants des décennies précédentes. Il y avait également un vrai côté subversif qui a disparu dans ces années 90 qui cherchaient davantage à toucher le public ado. Par conséquent, le film joue davantage sur quelques « jumpscare » que sur un vrai climat malsain qui faisait le sel de ces slashers. Plus « grand public », moins dérangeant, moins piquant et moins gore aussi, ce retour au premier plan du slasher dans les années 90 a donné quelques titres sympathiques mais pas réellement marquants, si on excepte Scream qui a réinventé le genre en le questionnant par l’ironie, le pastiche et le discours méta.
Pas de tout ça dans Souviens-toi... l’été dernier où le film déroule une intrigue convenue et au déroulement très soft. C’est clair que ce slasher est loin de filer les jetons comme savaient le faire ses aînés même si, bien entendu, le temps a rendu ces intentions moins impressionnantes. D’ailleurs, le film n’a pas tous les atouts du slasher. L’ensemble manque de personnages qui sont autant de cibles potentielles pour le tueur et celui-ci n’est pas suffisamment habité par une certaine aura qui le rend franchement flippant. Quant aux meurtres, ils sont finalement très peu nombreux, l’ensemble étant absorbé par une pseudo-enquête jamais palpitante même si elle offre la possibilité de rencontrer quelques personnages secondaires bien dérangés, à l’image de celui incarné par Anne Heche.
Le résultat est donc sympathique mais pas franchement marquant. Les gosses de riches en prennent pour leur grade et le film se contente d’être une critique sociale poussive alors que les slashers inauguraux s’amusaient à faire voler en éclats la naïveté des jeunes adultes. De fait, le discours, de la même manière que les recherches visuelles, était plus brutal. On n’est plus dans le « sans filet » mais dans des codes établis et polis aux entournures. Distrayant et, malgré tout plutôt bien raconté, le film reste un témoignage de son époque et des évolutions des mœurs.