Special Identity. Polar d'action dont la réalisation a été confié à Clarence Ford. Donnie Yen y tient le rôle principal (également co-producteur) tout en assurant la partie chorégraphie des scènes d'actions. Notons que le scénariste n’est autre que Szeto Kam-Yuen. On lui doit les scénarios de Too Many Ways To Be No. 1 (1997), Expect the Unexpected (1998), The Longest Nite (1998), SPL (2005) ou encore Dog Bite Dog (2006) sans oublier Accident (2009) et beaucoup d’autres encore. En somme, une pointure.

Majoritairement tournée en Chine, cette production essentiellement mainland, annoncé un temps avec l’acteur Vincent Zhao dans le rôle du bad guy – mais qu’un clash avec la production aura mis un terme à leur collaboration – remplacé par Andy On connut de grosses difficultés, notamment avec la mort accidentelle d'un chauffeur. Notons à cet effet que Bruce Law s’est occupé des cascades automobiles. Ce fut également le cas sur des productions comme Une balle dans la tête (1990) ou bien Beast Stalker (2008). Ces difficultés et les relations houleuses entre la production du film et Vincent Zhao firent les choux gras de la presse people. Donnie Yen allant jusqu’à porter plainte contre l’acteur limogé pour diffamation. Une affaire qui prit une toute autre tournure lorsque l’actrice Shu Qi prit fait et cause pour Vincent Zhao. Les fans du film (toujours en tournage) ne l’entendirent pas ainsi et ils attaquèrent l’actrice en livrant de nombreuses photos érotiques d’elle sur la Toile, photos de films lorsqu’elle débutait dans le métier. Ce à quoi elle a répondu que « ces attaques la rendaient plus forte ». Brave Shu Qi. Et puis je les aimais bien moi, ses débuts dans le cinoche. Bref. Voilà le contexte, une fois terminé, monté, projeté, qu’en reste-t-il ?

Special Identity n’est pas le nouveau S.P.L., ni le nouveau Flashpoint, c’est un fait. Ce nouveau Donnie Yen, oui on parle de nouveau Donnie Yen comme on parlerait du nouveau Stallone ou bien du nouveau JCVD n’est rien d’autre qu’une série B d’action comme il en a l’habitude. Il ne faut rien en attendre d’autre. Il est vrai que la communication du film (affiches, BA et j’en passe) pouvait laisser imaginer LE film d’action par excellence. CE film que les fans du genre fantasment à chaque productions un tant soit peu conséquentes. Ce fut également le cas pour ce film indonésien qu’était The Raid. Nous avions là des fans de films d’actions enjoués. Se met alors en place un effet boule de neige qui va jusqu’à voir le film sortir dans les salles française. Mais en définitive, il n’était pas CE film d’action parfait tant attendu (d’ailleurs, ce film n’existera jamais). Mais un film d’action honnête qui divertissait le temps qu’il dure. Loin de moi, la tentative vaine de vouloir comparer The Raid à Special I.D., vous l’aurez compris. Je mets ici en comparaison l’approche des attentes d’une part du public et la façon qu’il vit le film avant et après l’avoir vue, pas leur qualité (ou non) intrinsèque respective.

De ce fait, on ne peut juger Special Identity sur la seule déception qu’il pourrait procurer parce que l’on a pu le fantasmer comme un film d’action qui allait être « génial ». Mais ça ne reste qu’un Donnie Yen sans envergure, mais honnête dans ce qu’il offre. Certes, on pensait l’acteur passé dans une autre catégorie avec des films comme S.P.L. et Flashpoint, films loin d’être parfaits au demeurant mais qui laissaient présager un renouveau du film d’action à Hong Kong, notamment après la concurrence sans retenue des productions thaïlandaises et sud-coréennes. Et ce renouveau existe bel et bien ! Pas comme on aurait pu se l’imaginer ou rêver. Il est là, différent, faisant avec les moyens du bord, avec ses qualités mais aussi ses défauts.

Ce renouveau du cinéma d’action HK est là, tiraillé entre l’envie de redonner ses lettres de noblesse à l’action hongkongaise et le marché chinois, synonyme de contrainte. Il faut avant tout plaire aux investisseurs mainlanders. Pour se faire, on tourne sur le territoire chinois, on y parle mandarin, on engage des acteurs locaux et surtout on bride l’aspect créatif. On se cantonne à une réalisation impersonnelle et on élimine tout élément scénaristique qui pourrait gêner. Le film doit entrer dans le carcan que se fait cette industrie cinématographique chinoise. Alors oui, la photographie est jolie, techniquement on se rapproche des canons américanisés voire coréanisés. Merci Peter Pau (fils de). Mais !

Il n’en est pas moins comme ces divertissements hongkongais d’antan avec sa poignée de scènes d’actions au milieu de scènes qui faisaient office de remplissage, et ses acteurs qui pour la plupart jouaient comme des pieds, sachant plus s’exprimer en tatane qu’en émotion. Une série B somme toute classique qui nous narre une histoire linéaire de flic infiltré tout aussi classique, au dénouement classique. Special I.D. est affreusement classique pour toute personne qui pouvait s’attendre à autre chose. Il y avait de quoi : rien que le scénario lorsqu’on connait le talent du scénariste !

En définitive, Special Identity n’est qu’une série B à l’ancienne (mais sans la scène choque) sans nulle autre prétention que de livrer quelques moments sympathiques, des combats dans une veine réaliste où Donnie Yen fait appel au mixed martial arts. Terminé le kung-fu seul, là est l’identité du film et de son chorégraphe/acteur depuis S.P.L. Depuis, on est entré dans cette nouvelle ère du combat, déjà testé dans ces productions antérieures. C’est brut de décoffrage, moins aérien mais terriblement actuel, lui l’acteur vieillissant de 50 ans, l’acteur has-been pour bon nombre de jeunes hongkongais se rêvant à faire perdurer un cinéma qui ne l’est plus.

Et c’est pour ça Donnie, toi que j’aime comme ce cinéma d’action, toi si beau avec ce teint halé et ces dents blanches, toi et ton physique d’athlète, toi et ce melon qui te caractérise tant, toi et ce regard assuré, ce sourire ravageur pour la gent féminine et tous les gays du monde entier, toi qui joue si mal mais combat si bien, sache que par la présente, je fustige tout tes détracteurs ! Et je note, ici même sur SC ton film (enfin celui de Clarence) d’un joli 8/10 (même si cela vaut à peine la moitié), un 8 me rappelant deux corps enlacés cherchant l’ouverture pour soumettre son adversaire. Merci d’exister, comme tant d’autres !

**

PS : Je dédie ces mots à Donnie Yen (merci pour l’astuce du point d'équilibre lors d'un coup de pied retourné), à Mano qui trouve les échanges de Donnie avec sa mère supers chiants alors qu'en vérité, c'est juste un fils qui s'inquiète pour sa mère et une mère pour son fils, à JonathanAsia, j'ai pas pigé mec, bien sûr que c'est juste une série B, à Supavince qui s'éloigne de la clarté HK mais je t'aime quand même, à Palp' qui juge si mal (tu l'as vu après combien de Tsingtao ?), à Anel, no comment, à Cassoulet catapulte sexuelle qui nous écrira bien un truc sans l'avoir vu et à tous les autres, ainsi qu'allociné qui préfère l'ignorer...
IllitchD
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le 17 janv. 2014

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IllitchD

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