Mortel syncrétisme

Avec son ambiance étrange, ses personnages fissurés et ses meurtres inattendus et insolites, The Boogey Man m'a cueilli un peu comme X-Tro, LA références des films bricolés qui atteignent par on ne sait quel équilibre surnaturel un niveau de bizarrerie et d'émotion suffisamment élevés pour marquer durablement.

On pourrait qualifier ce Spectre (titre français aussi inadapté au film que le titre original - comme quoi le contenu du film est vraiment insaisissable) de splatter-movie psychanalytique, mais ce serait encore louper d'autres aspects de ce récit chaotique, qui débute par le traumatisme de deux enfants assistant en cachette aux ébats de leur mère avec son amant, affublé comme un cambrioleur de bas étage d'un collant sur le visage. Une fois repéré, le petit garçon est ligoté sur son lit (séquence assez horrible par ce qu'elle laisse deviner plus que par ce qu'elle montre), puis sa sœur le libère avec un couteau, lequel servira bien sûr à se venger illico presto de l'intrus.

La suite, on le devine, se déroulera quelques années plus tard. Le frère est devenu muet, vit dans la ferme de sa sœur (mariée, un enfant). Des forces surnaturelles et malfaisantes semblent s'éveiller alors que l'héroïne reçoit une lettre de sa mère mourante, qu'elle n'a jamais revue. S'ensuit donc une suite de morts pas très catholiques, une histoire de miroir maléfique... on frise parfois le film de possession, ou bien le drame conjugal, puis le slasher, le film de maison hantée... Le film prend systématiquement des chemins de traverse, tout en gardant sa cohérence visuelle et tonale. Un vrai numéro d'équilibriste en même pas 1h20 de bobine !

Blindé d'idées visuelles intéressantes, réalisées avec beaucoup d'ingéniosité pour pallier à des moyens que l'on devine limités, guidé en souterrain par le traumatisme indépassable de ses deux héros, The Boogey Man est une belle réussite du genre, pas exempt de faiblesses, mais suffisamment atypique pour dépasser son simple statut de film fantastico-gore.