Difficile de parler de Speed Racer sans prononcer les mots "orgie visuelle". Car faisant fi de toute trame scénaristique, dans la parfaite lignée des mangas dont il est adapté, les Wachowskis prennent la liberté totale de la forme.
Liberté tellement totale qu'ils vont jusqu'à faire abstraction des règles physiques : on est ici dans une dimension parallèle. C'est un OFNI visuel frénétique et orgiaque (voilà, les mots sont prononcés) qui démontre toute l'imagination des Wachowskis, probablement psychonautes expérimentés.
Speed Racer est plus qu'un trip sous LSD, il est une tentative de mettre en perspective une réalité alternative. Entre notre monde et celui du film, seul l'aspect anthropomorphe persiste. Dans ce sens, le film se veut réaliste : dans cet univers parallèle, la cupidité et la domination demeurent une part inéluctable de ce qui fait l'humain. Speed Racer ne pilote pas des bolides pour être le meilleur (rang qu'il laisse à son frère), mais pour fuir/détruire la face sombre de l'Homme, son besoin de posséder, de dominer, d'être le numéro 1 (ce qui le rapproche de Néo). En d'autres termes, l'ego.
L'explosion orgiaque (bis repetita) finale est un des plus gros délires orgasmiques psychédéliques de l'Histoire du cinéma. La lutte de Speed contre l'ego, incarnée par le personnage de Royalton, touche à sa fin ; transcendé, en miroir des Wachowskis eux-mêmes, il/ils peut/peuvent alors atteindre son/leur but ultime : le Nirvana. Ce n'était finalement pas la victoire, mais la pleine réalisation de soi.