Dégoûté du visionnage de Spider-Man : Homecoming, véritable décrédibilisation d'un des super-héros les plus populaires de la pop-culture, je me décide à revoir la trilogie de ce bon vieux Sam Raimi qui a bercé mon enfance.


Le constat, après plus de 10 ans, est le même, j'ai beau avoir grandi, avoir arrêté d'acheter des jouets à l'effigie de mes super-héros préférés, la magie opère toujours lorsque je regarde les trois "vrais" films Spider-Man, et plus particulièrement les deux premiers.
La magie commence avec Spider-Man, le jeune loser attachant que tout le monde connaît si bien, découvrant ses pouvoirs, dissimulant son identité pour protéger ceux qui lui sont chers, se battant avec sa Némésis, un bouffon vert interprété par un Willem Dafoe tout ce qu'il y a de plus caractéristique d'un super-vilain schizophrène et psychopathe sous une musique intense et des plans inoubliables, et bla bla bla et bla bla bla...
Mais le premier film, si culte qu'il soit, n'est point le sujet ici, c'est sa suite qui nous intéresse.


Spider-Man 2, voit donc le jour en 2004, et derrière un succès commercial moins important, mais tout de même satisfaisant, que celui de son prédécesseur, se cache une presse unanime, qui, pourtant sévère avec les œuvres de ce registre et plus prompt à les "cataloguer direct" (comme votre professeur de physique), va immédiatement ranger ce film dans la case "perles du genre", qui sera rejoint quelques années plus tard par l'excellent Watchmen ou encore (et évidemment) The Dark Knight.


Dans cet opus, Peter Parker et son alter-ego masqué à la souplesse remarquable affrontent le docteur Octopus, interprété par un Alfred Molina exemplaire qui succède au Bouffon sans lui envier quoi que ce soit. Et au sein de ce second film aussi enchanteur que le premier, le casting qui tient presque du parfait ne s'arrête pas au super-vilain. Tobey Maguire, très bon en Spidey, mémorable en Parker, reste à jamais le premier et l'unique visage de ce héros si emblématique sur grand écran, celui qui a bercé une génération, Kristen Dunst, qui décidément porte le roux à merveille, est sublime en Mary Jane Watson, James Franco et Rosemary Harris interprètent des seconds rôles forts qui fortifient le registre dramatique de l'oeuvre, et c'est sans compter sur la présence de J.K. Simmons, véritable caricature du magnat de la presse radin et tyrannique, au cynisme et au fameux rire à gorge déployée si unique en son genre.
Derrière la distribution, les scènes d'action correctement réalisées, sous la bande son épique et inoubliable signée Danny Elfman dont le "main theme" hante toujours notre mémoire, renforcent le don si rare qu'a ce film à nous emporter dans un genre de monde parallèle, dans une aventure qui berce petits et grands, quitte à complètement déconnecter de la réalité.


Autre chose au sein du film, c'est l'aisance de Raimi à filmer New York, déjà sublimée par Woody Allen dans Manhattan, décortiquée par Scorsese dans Taxi Driver, blasphémée par Carpenter dans New York 1997, le cinéaste fait de "The City" partie intégrante du film, qui devient un acteur à part entière du long métrage à chaque filet de toile lancé sur un building. Aussi, New York est à Spider-Man ce que Gotham City est à Batman, son terrain de jeu, le reflet géographique de sa vie, une ville qui lui ressemble. La scène où le héros arrête le train en perdition en est le parfait témoignage, preuve du lien entre Spider-Man et sa ville, preuve du lien entre l'homme araignée et les habitants de la Big Apple.


Mais toutes ces qualités ont déjà été vues dans le premier film me direz-vous, le casting irréprochable, la mise en scène virtuose, la musique, etc...
Eh bien oui, tout ce qui a fait le charme de Spider-Man est réutilisé dans Spider-Man 2, on ne peut le nier. Mais le second opus arrive à garder la même recette tout en lui donnant meilleur goût. Toutes les thématiques traitées dans le volet précédent, à savoir le sens des responsabilités chez un héros, ses sacrifices et ses choix, ses problèmes, ses peurs et ses doutes, l'espoir qu'il sème dans le cœur des individus qu'il protège, les aspects de sa double vie, tout est retranscrit à son paroxysme, avec plus de virtuosité, plus de fluidité et prend une dimension dramatique plus intense. Le héros est sublimé, par ses forces comme par ses faiblesses, présenté sous forme d’icône indestructible autant que sous forme d'être vulnérable, et deviens par la même occasion un personnage attachant, à qui l'on peut s'identifier.


La fin du visionnage apporte chez le spectateur un sentiment spécial, une sorte de nostalgie, de retour en enfance, peu de films ont ce pouvoir, et Spider-Man 2, par ses qualités indéniables mais surtout par son aspect humain, fait preuve de justesse émotionnelle en mélangeant plusieurs thèmes et genres en son sein, et délivre en même temps un film d'action sous fond fantastique, une fresque sur le passage à l'âge adulte sous toile héroïque, un film sur les responsabilités d'un héros, à mille lieues des productions habituelles plastiques de ce genre, plutôt concentrées sur l'action que sur l'émotion.

Tom-Bombadil
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le 28 janv. 2018

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