Chemin vers l'acceptation et la reconstruction

Mal aimé ou plutôt mal compris lors de mon enfance, ce Spider-Man 2 a reprit ses droits en captivant mon cœur de jeune adulte et en conquérant une note amplement mérité.

Cette suite est indéniablement meilleure que le premier, pourtant il ne s'éloigne pas tant que ça de son prédécesseur. En effet, la construction est quasiment identique, créant alors un véritable parallélisme entre les deux. Tout comme le premier, le second débute sur la voix off de Peter Parker parlant de Mary Jane et se poursuit sur ses déboires. Nous retrouvons par ailleurs des séquences similaires comme celle de derrière la maison de tante May qui aura aussi la même conclusion que dans le 1. Cette séquence est caractéristique des relations qu'entretient Peter au début du film avec les autres qui est totalement équivalente à celles qu'il a au début du premier. La grande différence est que cette fois-ci il est Spider-Man dés les premières minutes. Avant il laissait agir les autres à sa place car il manquait de courage, là il les laisse faire puisque sa condition lui en empêche de le faire. Cette nouvelle vie déteint sur sa vie de Peter Parker. Nous le voyions distinctement dés la première séquence du long métrage où sa déambulation en moto est filmé à un rythme effréné comme lorsque Spider-Man poursuit des criminels. Cet élément est appuyé par le fait que Peter met à la fin de séquence le costume de Spider-Man.
Ce parallélisme entre les deux films reste malgré tout judicieux car il permet d'explorer de nouveaux thèmes. La vie de base de Peter dépeinte dans Spider-Man est clairement pourri, si on y ajoute l'aspect super héroïque, elle devient plus que lamentable. Au fil des minutes, la vie de Peter devient de pire en pire, à tel que point que nous nous demandons quand cela va s'arrêter. Ce second film est très frontal vis à vis de la vie de Peter. Abandonnant le coté flashy du premier, nous nous retrouvons avec un film terne concentré principalement sur les émotions de Peter. Il y a de nombreux gros plan et plan rapproché épaule statiques sur le protagoniste qui cernent sur les traits de son visage toute la douleur emmagasinée. Toutes les implications qu'il a en tant que Spider-Man se répercutent sur Peter, et tous les doutes qu'il possède en tant que Peter se répercutent sur Spider-Man. Sa relation avec MJ se désagrège et est même pire que dans le 1 parce que les 2 s'aiment, mais elle est sur le point de se marier avec un autre. Idem pour sa relation avec Harry puisqu'il ne peut lui révéler sa véritable identité au risque de détruire définitivement son amitié. Ces 2 relations arriveront à une cassure au même moment, lors de la soirée de gala où d'une part Peter prendra en photo MJ et son homme, et où Harry confrontera durement Peter, sans que ce dernier, dans les deux cas, ne puisse intervenir. Nous pourrions enfin ajouter tante May à l'équation, ses problèmes d'argents renvoyant à la culpabilité de Peter sur la mort de l'oncle Ben.
Finalement, le principal problème de Peter provient de lui-même. Personnellement il a de nombreux soucis : Il ne paye pas son loyer, il vit dans un taudis, il se faire virer de son job, il rate les cours, etc. Il n'arrive à aucun moment de lier ses deux vies. Cette situation renvoi à nombre d'étudiants vivant dans la précarité qui doivent jongler entre université et boulot. Nous arrivons facilement à nous identifier à lui car toutes ses "galères" nous parle, et il n'est pas impossible que nous aurions fait comme lui, c'est-à-dire arrêter la vie de super héros. La pression d'être une figure héroïque et aussi le fait qu'il perde ses pouvoirs, pousse Peter à cesser d'être Spider-Man. Il revient alors à sa situation initiale : Un étudiant loser qui vit sa vie tranquillement. Cependant, il ne pourra plus jamais être cela. La séquence qui présente le "nouveau" Peter est cliché et inspiré des sitcoms, notamment via un arrêt sur image sur le sourire de celui-ci. S'y dégage alors un sentiment de faux qui brise tout le réalisme précédemment abordé par le film. Peter a changé et ne peu redevenir ce qu'il était avant. Spider-Man est en lui et il ne peut rien y faire. Lors de la séquence d'incendie, identique à celle du 1, Peter va sauver une petite fille en tant que simple humain. Il comprend alors que c'est un héros dans l'âme. Néanmoins, il n'a pu sauver tout le monde dans le bâtiment, il se rend alors compte qu'il doit redevenir Spider-Man. De plus, il ne peut plus agir égoïstement car Spider-Man ne lui appartient plus, il appartient aux habitants de New York. La fameuse séquence de métro est symptomatique de cela. Dans celle-ci il est aidé par les new yorkais dans des plans où Spider-Man est iconisé de la même manière que le Christ. Il devient une icone qui comprend que l'appui des gens est fondamental dans son entreprise super-héroïque. Dans cette séquence, son visage est révélé aux citoyens, cassant ainsi définitivement la distinction entre ses deux vies. Pour conclure, dans les 2 films Spider-Man affronte des méchants possédant des troubles de la personnalité. Cet élément renvoi à sa propre condition sauf que lui réussi à lier ses deux vies.

La vie de Peter n'est fait que de choix altruiste qui ne peuvent qu'être entreprit qu'après l'acceptation de soi et avoir embrasser l'idée d'aller de l'avant. Cette réflexion ne s'applique pas qu'à lui mais aussi à son cercle de connaissance. MJ est la première à aller de l'avant. Malgré la fin du 1, elle réussi à réaliser son rêve et à avoir une relation avec un homme. Cette réussite plombe Peter, par deux fois entourés d'affiches qui lui font mal sentimentalement et professionnellement. Au final, MJ reviendra en arrière sur ses choix en s'imposant à Peter. Ce choix sera bénéfique à MJ, qui conclu ce qu'elle a entreprit dans le 1, mais surtout pour Peter qui pourra alors enfin vivre pleinement sa relation avec elle. Tante May aussi va de l'avant. En apprenant la vérité sur la mort de l'Oncle Ben, elle va de suite déménagée pensant qu'il est temps de passer à autre chose. Peter est le dernier à faire le pas, grâce aux citoyens et aux deux personnages cités. La fin du film est un miroir de celle du 1 sauf que nous assistons cette fois à un mariage. Peter faisait alors le deuil de sa vie sentimentale au profit de celle héroïque. Cette fois-ci, il va se lier à MJ en trouvant enfin un équilibre avec ses nombreuses vies, et pouvant ainsi se reconstruire.
Deux personnages vont se détacher de ce développement positif : Harry Osborn et Otto Octavius. Depuis la fin du 1, Harry est rongé par sa haine envers Spider-Man et n'arrive à faire le deuil de son père. Pire, en apprenant l'identité de l'homme araignée, il va sombrer dans la même folie que son géniteur. Le Docteur Octopus, lui, même si c'est à cause de ses tentacules, ne peut pas faire le deuil de sa femme et de son ambition icarienne, en recommençant son expérience. Contrairement à Peter, ces 2 personnages n'arrivent pas à se détacher de l'emprise du passé et à aller de l'avant.

Par ses thèmes, ce second métrage est beaucoup moins "loufoque" que le premier. Même si l'humour a une bonne place dans le film, il n'est rien en comparaison avec le sérieux de la mise en scène. A contrario du 1, tout est fait pour ne pas dénaturé l'aspect dramatique du film : Il y a moins d'expérimentation dans les raccords, des plans fluides et rythmée au bon moment, une excellente chorégraphie de combat sans corps qui volent absurdement, et une FX dont les failles sont beaucoup moins perceptibles. L'aspect horrifique est davantage abordé avec le personnage de Doc Ock. La séquence de l'hôpital est un hommage aux films d'épouvantes dont on voit tous les poncifs (usage des ombres, de la vue à la première personne, etc). Le docteur est un véritable monstre et est d'ailleurs présenté comme tel. Ses apparitions sont souvent ponctué de tremblements et de sons métalliques dignes des apparitions du T-Rex dans Jurassic Park

Spider-Man 2 est un Spider-Man ayant parfaitement lié son aspect héroïque et son aspect humain, se positionnant ainsi comme un des meilleurs CBM.