La dépression touche également les super héros

Après son succès phénoménal dans le monde entier, le Spiderman de Sam Raimi revenait en force à l’été 2004. Avec ses personnages attachants, son rythme, ses scènes d'action de haute voltige et ses musiques poignantes, Spiderman était une perle. Marvel, Columbia Pictures et Raimi avaient une pression monstre pour Spiderman 2. Le public allait-il aimé cette suite? Spiderman 2 allait-il être aussi mémorable que son prédécesseur ?


Le Spiderman le plus ambitieux et le plus abouti de toute la franchise


Longtemps j’ai pesté sur Spiderman 1 pour revenir une année après sa sortie au cinéma sur ma décision en regardant par curiosité le film en dvd. Désormais fan de la franchise, Spiderman 2, sa sortie, je l’ai attendu, me suis précipité en salles le 14 Juillet 2004, patienté trois bons quarts d’heure dans la plus longue file d’attente jamais faite depuis Titanic et Le monde perdu, pour passer une séance fabuleuse. Spiderman 2 m’aura replongé en quelque sorte dans mon enfance, m’aura procuré des frissons, versé quelques larmes de joie et de compassion pour son héros, tout en m’apprenant une nouvelle fois à tenir bon dans les moments durs de la vie. Comme Clark Kent avant lui, Spiderman fait parti de ces personnages dont je m’identifie.


Si vous étiez un personnage doté de pouvoirs extraordinaires, à quoi ressemblerait votre vie dans le monde réel ? Jamais dans un film de super héros, on ne se sera senti si proche de son personnage principal. On pensait que ce genre de film n’était bon que pour ces scènes d’action, Sam Raimi nous prouvait le contraire. Déjà avec Spiderman 1, maintenant avec son Spiderman 2. Cette suite, il va l’emmener plus loin, en faire un hit, un chef d’œuvre, un des meilleurs films de super héros à mettre aux cotés de The Dark Knight.


Vous avez aimé Spiderman 1 ? Ou, au contraire, l’avez détesté parce qu’il versait par moments un peu trop dans le kitsch et le gnangnan ? Spiderman 2 gomme ces imperfections en fournissant ET un adversaire de choix à son protagoniste, et une prestation touchante de tout le casting. Quant aux scènes d’action, à la photographie et au montage de toute beauté made in Sam Raimi (mention au générique du début), vos yeux et vos oreilles vous remercieront gracieusement. Spiderman 2 surpasse en tout point Spiderman 1. D’une part pour sa mise en scène hyper pointilleuse, d’une autre pour son scénario profond grâce entre autre à des personnages enrichissant l’histoire. C’est aussi la première fois dans un film du genre où jamais on n’avait si bien développé la psychologie d’un super héros.



Être remarquable ne suffit pas jeune homme, il faut travailler dur.
L'intelligence ce n'est pas un privilège c'est un don. On doit le
mettre au service de l'humanité.



Sale temps pour Spiderman


Sam Raimi, en digne psychologue et philosophe qu’il est, n’a pas oublié que le coté intime de Spiderman 1 avait plu. Ici, il explore la dualité entre les deux faces d’un héros. Arriver à vivre une vie de monsieur tout le monde tout en sauvant des gens et affronter des ennemis redoutables capables à tous moments de mettre fin à vos jours, faut pas chercher à comprendre pourquoi les Batman et autres Superman sont si torturés.


A force de sauver et d’aider tout le monde, on finit par mettre ses proches de coté, en oublier sa vie. Etre super héros c’est donc faire des sacrifices. Spiderman 1 nous l’avait déjà dit dans son final. Spiderman 2 continue et il sera dur dans ses propos, proposant aux spectateurs de voir comment ce passerait la vie d’un super héros si on l’avait ancrée dans le monde réel.


Dans cette suite, Peter Parker, toujours loser, tête en l’air et maladroit dans la vie civile (pour notre plus grand plaisir), en prend ENCORE pour son grade. Il a perdu son oncle par sa faute tout en cachant la vérité à sa tante, doit vivre avec la mort du père de son meilleur ami rêvant de se venger, a prit la décision de ne pas être avec la femme de sa vie, galère à suivre ses cours à la fac et à payer son loyer, vient de perdre son job de livreur de pizza à cause de son boulot de super héros, et doit faire face à un nouvel ennemi redoutable qu’il a accidentellement créé. Etre Spiderman monopolise toute sa vie au point où les choses importantes, il ne les fait pas très bien.


Cerné par les choix qu’il a faits, les épreuves douloureuses et blessures du passé, désespéré, en pleine souffrance, Peter, s’enfonce petit à petit dans les ténèbres de la dépression. Ca se ressentira dans ses pouvoirs perdant de leur puissance. Comment vivriez-vous avec un secret si lourd à porter ? Si on était à la place de ce personnage dont le poids du monde pèse de plus en plus sur les épaules, au bout d’un moment, on aurait eu envie de tout lâcher, on aurait fini par jeter notre costume à la poubelle. Chacun, super héros ou pas avons un jour touché un point de rupture dans nos vies. Pete va atteindre ce point parce qu’il n’arrive pas à faire coexister ses deux vies. Par quel moyen réussira-t-il à s’en sortir ?



Je ne suis que Peter Parker. Et Spiderman, c’est terminé...



Spiderman 2 et son héroïsme puissance 10


Ne vous inquiétez pas, Spiderman 2 prendra le mal par la racine, finira par l’arraché et rendre de son éclat à notre Spidey. Jamais on ne penchera plus vers le drame ou l’héroïsme. Sam Raimi, pas cynique, plutôt humaniste dans ces propos, trouve le juste équilibre. Après une première partie nous plongeant dans l’humour typique de son héros, dans le désespoir puis la remise en question, la seconde, plus optimiste, fait remonter en force son protagoniste. Rien que la scène symbolique du métro New Yorkais dont tout le monde parle chaque fois qu’on leur demande ce qu’ils ont retenu de Spiderman 2, en dit long sur les scènes d’action que vous allez voir…et vivre.


Raimi n’a pas oublié une des raisons pour lesquelles Spiderman 1 a marché : la manière dont il a filmé son Spiderman. Les effets spéciaux ont sacrément évolués depuis Spiderman premier du nom. Les idées originales fusent, cette suite, à la photographie presque crépusculaire verra ses séquences héroïques gagner en intensité.


Alors que Danny Elfman répond de nouveau présent et nous offre une bande originale vibrante, James Franco fait vivre des heures sombres à son personnage, Tante May, malgré ses soucis, poursuit son boulot de « mère en or », de guide moral en nous donnant des bons conseils par l’intermédiaire de Peter, Alfred Molina construit un Docteur Octopus surprenant. Quelle est loin la version de l’animée des années 90. On éprouverait presque de la compassion, des remords pour cet antagoniste pas si méchant que ça. A choisir entre lui et le Bouffon vert, le choix, il est vite prit. L’affrontement entre l’homme araignée et ce nouveau super vilain atteindra des sommets. Le vrai héroïsme, la vraie dualité entre le bien et le mal.



Dans ce monde, trop peu de personnages passent leur temps à voler dans
les airs, à sauver des vieilles dames comme moi. Et Dieu sait que les
enfants de l'âge d'Henry ont besoin d'un héros. Courageux, prêt à se
sacrifier à tout moment, à être un exemple pour nous tous. Tout le
monde adore les héros, les gens font même la queue pour les voir, les
acclamer et hurler leur nom, et raconter des années après qu'ils ont
attendus des heures sous la pluie rien que pour apercevoir celui qui
leur a appris à tenir bon une seconde de plus. Enfaite je pense qu'il
y a un héros en chacun de nous, qui nous rend plus honnête, nous donne
de la force, et à la fin nous permet de mourir avec fierté. Même si
quelque fois il faut peut être persévérant et renoncer à ce qui nous
tient le plus à cœur. Y compris à nos rêves.



Au final, riche, réussi, intelligent, touchant, jamais on n'avait si bien illustré les inconvénients et avantages de la vie d'un super héros. Même si le personnage de Mary Jane manque de consistance et d'intérêt, Spiderman 2 ne commet aucun faux pas, offrant un ennemi graphiquement et narrativement supérieur à tous les autres bad guy de la franchise, arrivant à équilibrer humour, amour, drame et moments de bravoures. Pur chef d'œuvre pour l’un des meilleurs films de super héros.

Jay77
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le 1 janv. 2019

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Jay77

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