Spring
6.6
Spring

Film de Justin Benson et Aaron Moorhead (2015)

Spring de Justin Benson et Aaron Moorhead (...) comporte d’indéniables qualités, mais des défauts d’écritures et de fond qui ont pour effet de me faire fuir. Fluide et esthétiquement réussi dans sa mise en scène et sa photographie, le film nous entraîne en Italie, dans des décors somptueux éclairés magnifiquement. Filmé, entre autres, avec un drone, cela donne une fluidité à la mise en scène qui donne l’impression de flotter telle une présence derrière les protagonistes. Soulevé par Tony ( http://www.images-inedites.fr/le-pifff-a-du-flair/ ), le film est intéressant par la direction que le fantastique prend, en n’empruntant pas les schémas classiques du film de monstres, et en donnant dés le début une origine scientifique à la condition des différents monstres ( la Porphyrie dont l’un des symptômes est l’hyper sensibilité à la lumière aurait donné naissance au mythe du vampire ), expliquant ainsi que ce qui est inconnu n’est pas surnaturel mais est simplement du au fait que la science n’a pas encore réussi à l’expliquer ( je suis plutôt partisan de cette idée d’ailleurs ). Dévoilant petit à petit une créature xénomorphe contenant toutes les formes monstrueuses connus, ils savent ainsi garder le spectateur en haleine tout le long du film… mais pour finalement ne rien livrer, et faire sombrer la fin du film dans une lenteur et une misogynie propre à une vision typiquement masculine d’un idéalisme de l’amour unique et du couple. Si la narration du film reste bien menée et nous guide tout du long sans jamais nous perdre, les dialogues donnent l’impression d’avoir été écrit par des adolescents en ruts. Déjà, ça parle beaucoup et ça n’arrête quasiment jamais. Aussi, je me suis toujours méfier des films qui établissent leurs dialogues en espèce de vérités empirique, ici sur ce que sont les hommes et les femmes. On a ainsi le droit à des répliques du genre « les hommes sont comme ci… », « les femmes comme ça… », « les hommes pensent tous ça… », « les femmes réfléchissent de cette manière… » etc. Bref, des conneries ! Passé ces dialogues interminables et profondément agaçant, le dernier acte du film se regarde et se vit comme une agression sexiste et misogyne. En effet, l’héroïne ( censé avoir plus de 2000 ans ) nous est présentée comme une ado attardée instable qui n’en fait qu’à sa tête, ne connaît rien ( elle n’a littéralement aucune conversation autre que - je t’aime moi non plus - échangé tout le long du film avec le mec ), ne prend jamais ses responsabilités et est donc une égoïste finie. Le film nous dit ainsi que pour devenir adulte et grandir ( physiquement et intellectuellement ), elle doit… tomber enceinte et devenir mère ! Je ne sais pas quel effet cela vous fait, mais j’ai l’impression d’être revenu 50 ans en arrière. Je n’accuse pas pour autant les réalisateurs d’être misogynes, mais plutôt d’avoir été maladroit quant à leur envie de transmettre leur idéalisme romantique. En plus de ce problème d’interprétation, les personnages principaux et secondaires ont peine à convaincre en ce qu’ils sont absolument tous des clichés ambulants, et participe à l’atmosphère d’un film qui n’est finalement rien de plus que la vision totalement américaine d’une Europe rurale. (...) Je suis alors sorti terriblement frustré de cette séance, m’attendant à un chef d’œuvre, mais n’ayant le droit qu’à un film raté et faussement intelligent. Tony disait également que le film « manque cruellement de chair, de sang et de sexe pour une histoire qui tourne autour de mutation physique et d’amour », et je ne peux pas être plus d’accord avec ça. Je préfère encore aller revoir Splice de Vincenzo Natali.
VictorTsaconas
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le 30 nov. 2014

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Victor Tsaconas

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