Entre ceux qui te disent que c'est ouf dingue et les autres qu'il n'y a aucune substance dans ce film, mon ressenti était partagé. Peut être une attitude défiante à la "même pas impressionnée". Mais on va dire que l'enthousiasme de certains m'a fait me pencher sur le truc, et si ça ne m'a pas explosé au visage, je trouve l'objet intéressant dans sa forme même si je n'y ai pas accroché totalement et dans son fond qui même si pas très subtil touche où il faut.


Alors, pas de grosse claque ou de dégoût. Certes, les images parfois le sont, dégoutantes comme la réalité peut l'être, comme l'esthétique putassière des clips et la musique de boîte, mais pas le film en lui-même.
D'une certaine manière il est familier, même si mes propres excès n'ont jamais atteint ce niveau, encore heureux. Ce désir du trop plein, de voir jusqu'où on peut aller avant que le monde ne se brise, cette insatiabilité sensuelle, quand on maltraite ces corps pourtant si jolis. Ces choses que j'aimerais avoir quitté pour de bon mais qui me rattrapent toujours, alors en quelque sorte ça résonne mais ne me fourni par la catharsis espérée.


La relation de Faith à sa foi reste finalement assez en arrière-plan, son attitude est passive, celle de la fille qui veut être une bonne personne, ne pas inquiéter la famille, attachée à ses amies d'enfance en qui elle ne veut pas trouver de faute, à la recherche d'un ailleurs, d'une sortie de cette monotonie où elle ne sent pas à sa place. Elle voudrait naïvement arrêter le temps, se détendre dans la piscine, avoir le confort de rendre l'instant éternel sans avoir à payer.


"But when you are tempted, He will also provide a way out so that you can endure it. Dudes, how cool is that?" "Every temptation, he's going to give you a way out."
Quand Faith décide que c'est décidément trop creepy et qu'elle doit rentrer, le film confirme d'une certaine manière les paroles du Pasteur (Jeff Jarrett, en vrai un catcheur américan), il y a toujours une issue de secours, encore faut-il vouloir s'enfuir, en avoir le courage, résister la pression du groupe. Parce que pour celles qui restent le nihilisme est l'issue, de leur vie insipide qu'elle échangent pour le goût du risque où flirter avec la mort devient leur seul moyen de se sentir vivantes.


"I just want to be bad" - Alien


Ça se décante.


Il y a quelques scènes qui étaient particulièrement touchantes, tandis que le montage ne m'a pas toujours paru justifié même sous-couvert de l'intention de désorienter le spectateur, tout en abusant de moult filtres et effets vidéos qui ne fonctionnent pas tellement.
Pourtant la chronologie des plans et la part d'anticipation de ce qu'il va se passer quelques moments plus tard est plutôt bien foutue et la musique transmet bien l'atmosphère. Ce n'est pas tellement l'effet de désorientation qui me dérange, que l'abus d'exploitation de ces quelques plans parasites sur la plage qui me semblent ne pas apporter grand chose à la seconde partie du film après la rencontre avec Alien, totalement déconnecté du reste.
Mais pour vraiment dire quelque chose de plus poussé et d'honnête sur le montage, faudrait le revoir, ça reste donc du ressenti.


Le contraste frappant entre ce que les jeunes filles racontent au téléphone à leurs familles et les images marquent avec insistance à travers ces mensonges et ces apparences fausses qu'en vérité ce n'est pas tellement l'éclate mais plutôt l'enfer. Demander au film d'être subtil ce serait passer à côté.


"Regardez toute ma merde, toute la merde que j'ai"
Hédonisme maximum, Alien fait l'inventaire de "sa merde", il a tout et pourtant il est misérable. C'est un démon qui passe pour un personnage sensible qu'on ne peut pas vraiment détester, qui s'ennuie lui aussi, car même l'excès peut devenir une routine insipide. Les sens engourdis, désaffecté du risque, la mort est déjà acceptée. Les deux filles restantes auront passé avec succès leur initiation dans le monde criminel, elle commençaient avec des pistolets à eau et terminent par massacrer un gang de mafieux comme des pro, à croire qu'elles avaient fait ça toute leur vie.
Cette fin totalement sur-réaliste, plastique, c'est de l'esthétique gratuite. On se demande si finalement ce n'était pas juste un rêve, un fantasme que seul le cinéma peut réaliser sans conséquences.

kanzenmaigo
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le 1 avr. 2018

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Kanzen Maigo

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