Enter the void et The Devil's Rejects ont un enfant, comment s'appelle-t-il?

Ce film m'a autant fasciné que frustré.


Frustré parce que la narration des deux tiers du film m'a paru laborieuse. Au début du film Faith affirme brusquement "I'm so tired of seeing the same thing every single day. Everybody is miserable here because everybody sees the same thing". Le bonheur, un thème fascinant, mais ici délivré quelque peu hors de contexte, brisant presque le 4ème mur. Dans son ensemble la narration est très déconstruite, on passe d'une scène à une autre sans explication, ni que l'action de la scène précédente soit nécessairement finie. Ce procédé rappelle le rêve (coucou Lynch), un peu comme si les protagonistes étaient en train de se remémorer ce qui leur était arrivé, d'où les trous et les coupures. Malheureusement le procédé a peut-être manqué quelque peu de finesse, et au lieu d'être plongé dans une exploration onirique, je me suis retrouvé exclu de l'histoire qui se déroulait devant mes yeux.


Le manque de développement des personnages a aussi participé à cette sensation d'exclusion. Après le premier tiers du film, les filles ont très peu de dialogue entre elles, ou de dialogue tout court, ce me rendant leurs décisions difficilement compréhensibles. D'autant plus qu'au fur de l'histoire, il est de plus en plus difficile de comprendre leur envie de rester. Elles semblent disparaître dans la trame narrative, et l'histoire d'Alien récupère le devant de la scène. Elles ne sont plus des personnages, elles sont des objets (ou le sont-elles vraiment, ahah).


D'autre part l'idée du film est très bonne. Il s'agît de filles profondément insatisfaites qui partent en quête d'un bonheur clashant avec ses représentations standards. Le tout en renversant le cliché de la sorority-college-girl, naïve et femme objet. Cette quête est d'autant plus touchante qu'elle concerne un groupe pouvant facilement susciter le mépris, tant il correspond en apparence à un certain archétype de superficialité. La dernière scène, qui concerne la satisfaction ou non de leur quête, est étrangement satisfaisante.


Autrement la photo et la réa sont très belles. Les couleurs reflètent bien l'évolution du film et la situation des personnages. Les plans, bien que réussis et soignés manquent quelque peu d'originalité: caméra portée et c'est marre.


J'espérais donc une plongée onirique dans les fantasmes d'une jeunesse frustrée, au final j'ai eu l'impression qu'un bon pote un peu bourré me racontait son dernier rêve.

Galame
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le 1 mai 2020

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