Je n'attends pas d'un film qu'il m'éclaire spirituellement. Du moins pas tout de suite. Je n'attendais pas cela de Stalker, et cela ne s'est pas produit. Alléluia.
J'attends avant tout qu'il me prenne par la main et m'entraîne partout où il le souhaite. C'est ce qui arrive lorsque le réalisateur est un Cinéaste.
Tarkovski pourrait m'emmener n'importe où, je le suivrais les yeux ouverts.
Et l'oreille aux aguets.
Ainsi j'ai embarqué dans une jeep avec 3 types, et on a fait 10 fois le tour du même pâté de maison en prétendant échapper à la vigilance de soldats.
On est monté sur une draisine sous une pluie de balles, et il nous a suffi de suivre la voie ferrée direction la Zone.
La Zone est un formidable terrain vague verdoyant plein de carcasses de véhicules militaires, de gravats et de merveilleux détritus avec lesquels on pourrait fabriquer n'importe quoi.
Un immense terrain de jeu où on a intérêt à suivre les règles ...
... parce qu'il y a quelque chose dans l'air qui fout les jetons.
Mes compagnons ont beaucoup parlé, et j'ai bu leurs paroles à moitié car ils parlaient russe et étaient sous-titrés en anglais.
Il y a eu des bastons, on a dormi dans l'eau sous l'œil bienveillant d'un chien noir.
Il a fallu explorer des endroits mystérieux comme des ruines industrielles et déjouer des pièges.
Il se pourrait qu'on ait échappé à des monstres, ou même à la Nature en personne.
Quant à la porte qui mène de l'autre côté du miroir ...
... je mettrai mes lunettes d'adulte pour y réfléchir la prochaine fois que je regarderai ce film, EXTRAORDINAIRE sur tous les plans.