Star Tour - Episode IX
Ça y est. C’est fini. Le verdict est définitivement tombé désormais. Le côté obscur de la force l’a emporté. L’Empire Disney a triomphé. Certes c’était attendu. C’était écrit. Le retour de J. J...
le 18 déc. 2019
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C'est formidable ce qu'a accompli Disney ici.
Les mecs passent un fric colossal en com et en prod pour confirmer que tout le monde bosse main dans la main, vise le même objectif et que les conflits entre Abrams et Johnson n'existent pas, et patatra, la conclusion se pose d'emblée de jeu comme un énorme doigt d'honneur au précédent, prenant un malin plaisir à méticuleusement remettre en ordre ce que le 8 déconstruisait, pour mieux rejouer une fois encore ce qu'ils ont retenus de gimmicks de la trilogie originale.
"The Dead Speaks !". J'étais sur le cul de voir à quel point le film se construit son petit prétexte en 5 minutes sur un Deux Ex Machina (!!!), rameutant Palpatine avec la finesse d'un bulldozer, prenant ce faible laps de temps pour justifier la conclusion de TOUTE la saga, comme si tout ça était savamment pensé, l'air de rien, et que ça faisait partie du bordel depuis le début, alors même qu'Abrams radote pendant tout le film que Star Wars, c'est ce schéma narratif là, pas un autre, et fuck that shit.
Le casque pété dans le précédent ? Hop là, il revient, ressoudé, pour le plaisir.
On t'avait dit que tes parents étaient des nobodies ? Tetete, t'es pas là par hasard !
T'as voulu me tuer mon grand méchant qui remplaçait l'Empereur ? Hey chérie, devine qui vient dîner ce soir !
Non, Leia, arrête, je ne mérite pas ce sabre laser, je te le rends. Mais je l'ai quand même durant la suite du film, sinon comment je fais ?
Luke, il s'en foutait tellement du sabre qu'il le balançait par dessus l'épaule ? Hohoho mollo rigolo, on traite pas une arme Jedi comme ça non mais oh !
Faut dire que Colin Trevorrow est aussi crédité à "Story", ce qui en dit long sur l'ambition des mecs.
Forcément, le résultat est un foutoir narratif pas possible, où on fait des poursuites en vitesse lumière n'importe où avec le Faucon Millénium, qui devrait être désintégré dès le premier light jump, mais que voulez-vous, ça permet de caser du décor made by ILM, et on se croirait dans Star Tours ! D'ailleurs la première heure hystérique court dans tous les sens pour donner l'impression d'avancer, avec John Williams qui use et abuse du Mickey Mousing pour tenter de donner vainement de l'ampleur à cette suite de péripéties.
Dans cette envie frénétique de replacer la mythologie Star Wars n'importe comment, le film utilise la Force comme un bouche trou narratif imparable, où absolument TOUT peut arriver. On te fait croire que certains vont mourir mais HOP LA, en fait non ils sont là !
Et on va même exhumer les morts à tout bout de champ, que ce soit sous forme de souvenirs, de force, d'anciennes scènes coupées réintégrées au récit (ça se voit à des kilomètres que les dialogues ont été ré-écrits autour des phrases de Carrie Fisher et que les acteurs en face parlent dans le vide oO), soit disant dans le respect de la personne et gnagnagna, même si un petit double numérique bien dégueu fera forcément son apparition dans un flash-back inutile.
En fait, le film m'a rappelé l'intro du 7, où le texte déroulant sonnait déjà complètement faux, et où on apprenait de but en blanc que malgré l’éradication totale de l'Empire (dont t'as été témoin puisque tu as vu le Retour du Jedi), et bien il y avait une nouvelle version tout aussi vaste qui débarquait d'on ne sait où et que c'était toujours la même merde. Ah ok.
Et bien là, c'est pareil, il suffit d'une planète cachée pour redémarrer la machine ! Et t'inquiète pas coco, t'auras bien des romans, comics et je ne sais quoi derrière pour justifier le bordel, parce que juste des films ça ne suffit pas.
Certains dialogues aberrants tentent de relier le bousin, notamment quand Kylo Ren dit qu'ils ont besoin de cette nouvelle flotte (construite comment au juste ? avec leur culte à la con de fin qui sert juste d'arrière plan ?) pour devenir un Empire.
Mais euh... Le film entier passe son temps à montrer l'emprise du Premier Ordre sur l'univers, qui oppresse tout le monde, traque les mecs d'une planète à l'autre en moins de deux, et a une armée de malade dans l'espace, il lui faut quoi de plus au Kylo ? Armée qu'on ne verra d'ailleurs pas débarquer à la fin puisqu'on va se contenter des Destroyers déjà présents, même si les généraux ont déjà pris place à l'intérieur.
Le plus hypocrite dans tout ça, c'est que ça se pose comme LA CONCLUSION de toute la saga, alors même que cette trilogie n'a eu de cesse de jouer la carte de la surprise pour relancer une machine déjà finie depuis 1983.
Un tel bordel, qui expose l'incompétence crasse de Kathryn Kennedy, en viendrait presque à justifier la méthode Marvel, où les mecs s'exécutent en fermant leur gueule sur un semblant de fil rouge. C'est nul et fadasse, mais au moins les films se ressemblent !
On peut quand même se demander ce qui leur a pris de reprendre le type qui s'était fait déchiré son film dans le précédent pour conclure tout ça, tant le résultat sent le règlement de compte de cour de récré, sans aucune envie de cohérence concrète.
Cela dit, c'est lui qui avait ramené 2 milliards avec son film, donc ils espèrent sûrement rameuter autant.
Et tant pis pour tous ceux qui exposaient fièrement le "Let the Past Die" ou je ne sais plus quelle connerie sortie de la bouche de Kylo Ren.
Ce qui est sûr, c'est que cette trilogie n'a eu de cesse de repomper l'originale pour essayer d'en retrouver le souffle sans jamais réussir à s'en émanciper, gardant ses nouveaux personnages comme des pantins en cosplay qui imitaient leurs idoles jusqu'au bout. (le plan final, quelle misère...)
Même le créateur de la saga avait fini par se planter en essayant d'y donner suite, et pourtant c'est celui auquel je pensais le plus en sortant de cette séance. On sait qu'il n'avait pas aimé le 7 et il est passé en silence radio depuis, mais je n'ose imaginer à quel point il doit regretter amèrement d'avoir lâché le bordel à Disney, quand on voit un truc pareil, qui rabâche de la façon la plus désincarnée qui soit un tel mythe.
Un résultat pareil confirme ce qu'on savait depuis un moment : la création de George Lucas est devenu un monstre, qui caractérise à merveille la mutation d'Hollywood et la chute d'ambition narrative de son industrie. Quitte à se faire chier devant les films, j'espère qu'on aura un jour un bouquin pour en raconter avec acuité les coulisses. Ça risque d'être quelque chose.
Créée
le 22 déc. 2019
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