Ne faites pas attention à la note (4). Le problème de L'Ascension de Skywalker, c'est son héritage. Pris comme un film à part entière, il est très chouette : jolies images, histoire sympa, univers cool. Pris comme un spin-off des deux précédentes trilogies, il est tout à fait acceptable et complètement dans le ton (un ultime clin d'oeil à la plupart des personnages originels, méchants inclus). Pris comme le dernier volet d'une trilogie, il est absurde, incohérent, et insultant pour l'intelligence.


Donc, puisque les scénaristes en charge de la postlogie ont vraisemblablement eu du mal à se mettre d'accord pour écrire les mots "Star Wars" sans se tromper (et ils se sont trompés), on va jouer à un jeu : résumer les 3 épisodes de la postlogie - et puis après, écrire mes 3 épisodes à moi, en gardant les idées chouettes de cette trilogie ratée.


[À partir d'ici, ça va divulgâcher sec. Vous êtes prévenus.]


Episode 7 : le Reboot de la Force


Voilà 30 ans que l'Empire est vaincu et l'Empereur Palpatine tué. Pourtant, une nouvelle force politique émerge en marge de la Nouvelle République : le Premier Ordre. On ne sait pas d'où il sort, mais il est dirigé par un hologramme géant qui s'appelle Snoke - dont on ne sait pas d'où il sort non plus.


Ce n'est pas grave car le film est un reboot de la 1ère trilogie. Il y aura donc une planète des sables (check), une planète des glaces (check), une planète de jungle (check), une super-méga-planète-étoile-de-la-mort-qui-tue (check), un droïde rigolo (check), une Résistance/Alliance rebelle (check), un méchant portant un masque qui lui fait une respiration asthmatique (check), et un(e) jeune héro(ïne) sensible à la Force qui espère une vie meilleure en rêvant entre les dunes (check).


Après avoir rencontré un stormtrooper en sécession (Finn) et un pilote chien fou (Poe), notre héroïne Rey découvre toute seule qu'elle est sensible à un truc qu'elle ne connaît pas (la Force), devient instantanément super-puissante de la mort-qui-tue, provoque toute la bien-pensance hollywoodienne en esquissant le début du commencement de la possibilité d'une romance avec un Neg... avec un homme Noir, et va affronter les méchants.


Le méchant Kylo Ren, mais qui en fait s'appelle Ben Solo, puisqu'il est le fils de Han Solo et de Leia Skywalker, mais aussi le disciple de Luke Skywalker, qui est parti en solo - bref, le méchant tue son père Han, qui a quand même eu le temps de nouer une relation père-fille avec Rey mais on s'en fiche car il faut que le méchant soit très méchant et donc qu'il tue son père.


Tout le monde se bat un peu dans tous les sens et à la fin la Résistance finit par détruire l'horrible étoile de la mort qui tue. Les enjeux sont posés : Rey doit devenir une Jedi, Finn doit devenir autre chose qu'un stormtrooper, et Poe doit... on ne sait pas trop, mais c'est une tête brûlée qui pilote bien, on lui trouvera toujours quelque chose à faire.


Episode 8 : Les Demi Jedi


On n'est plus dans la Guerre des Etoiles mais dans les Gardiens de la Galaxie : tout le monde fait des blagues débiles au moment le plus inapproprié, le général Hux censé être méchant est un bouffon ridicule, et le Jedi perdu et retrouvé sur son île de Pâques balance à l'eau le sabre-laser qui lui était tendu avec révérence.


Rey apprend qu'en fait elle n'est personne, et que la Force lui est juste tombée dessus parce que ça peut arriver à des gens très bien.
Poe fait le malin devant sa hiérarchie puisque c'est une tête brûlée, mais à la fin on voit qu'il avait tort mais quand même un peu raison, mais aussi tort en même temps.
Finn fuit sur une planète en ouvrant une parenthèse narrative qui n'a absolument aucun intérêt ni cohérence, à part offrir un caméo à Benicio Del Toro (les Gardiens de la Galaxie, on vous dit), et SURTOUT, mettre tout de suite un terme à cette idée répugnante d'avoir une romance entre un homme Noir (Finn) et une femme Blanche (Rey), pour en amorcer une autre, beaucoup plus convenable, entre une minorité visible (Finn le Neg... le Noir) et une autre minorité visible (Rose la Chinet... l'Asiatique).


[Petit aparté personnel. À Hollywood, dans les films et séries mainstream (pour les indés je ne sais pas), en matière de sexe, on peut tout montrer de façon résolument frontale : un homme sodomisant un autre homme (hello Mr. Robot) ; un frère et sa soeur couchant ensemble (hello Game of Thrones) ; une femme (désolé pour ce que je vais (d)écrire) urinant sur le visage de son partenaire dans un jeu sado-masochiste (scène d'ouverture de la série Billions, je n'invente rien) ; on peut même montrer un homme s'accouplant avec un cochon (hello épisode pilote de Black Mirror, et merci mais je vais m'arrêter à celui-là). Mais JAMAIS, au GRAND JAMAIS, en AUCUN cas et sous AUCUN prétexte, on ne montrera un homme Noir faisant l'amour avec une femme Blanche. L'excellent Flight racontait bien une relation amoureuse entre Denzel Washington et la magnifique Kelly Reilly, mais leurs caresses étaient en ellipse - le bisou d'avant, le bisou d'après, et un fondu au noir (haha) entre les deux. Je vous mets au défi de me trouver un exemple mainstream où une telle relation amoureuse est montrée à l'écran.]


Mais reprenons. Le méchant Kylo Ren Ben, mais qui n'est pas vraiment méchant mais en fait quand même si, essaye de tuer sa mère en la balançant dans l'espace, ce qui tuerait n'importe qui même dans la Guerre des Etoiles, mais pour la 3ème fois on vous répète qu'on est dans les Gardiens de la Galaxie ici, et donc Leia revient par magie dans son vaisseau déchiré et en fait elle est super trop en maîtrise de la Force, ce que vous ne saviez pas pendant 7 films Star Wars mais vous n'aviez qu'à mieux les regarder.


Le même Kylo Ren Ben, qui aime bien tuer ses proches puisqu'il est méchant, tue son ancien maître le Très Grand Méchant Snoke, qui en fait n'était pas un hologramme mais pas vraiment un Super Méchant non plus, sinon il ne disparaîtrait pas au bout de 2 scènes ; puis Kylo Ren Ben affronte son ancien maître (l'autre, le Jedi, pas l'hologramme), Luke Skywalker, qui apparaît à tout le monde mais en fait il n'est pas vraiment là car c'est lui aussi un hologramme (suivez un peu), mais qui meurt quand même physiquement pour de vrai - pas son hologramme : lui en chair et en os, mais ailleurs, sur son île de Pâques. Suivez un peu.


À la fin, tout le monde a perdu, la Résistance est pulvérisée, personne n'a répondu aux appels de détresse, et, forts de cette fin tragique, les personnages s'en vont au soleil couchant avec un immense sourire sur le visage (peut-être que, comme les personnages de Billions, ils sont eux aussi sado-maso).


Episode 9 : La Science Fond Chez Skywalker


Et elle fond car "les morts parlent !". En l'occurrence, l'Empereur d'il y a plusieurs trilogies en arrière, qu'on a bien vu mort et pulvérisé dans l'explosion de son Etoile de la Mort, n'est pas vraiment mort. Comment ça se fait ? On ne sait pas.


De même, la Résistance est redevenue super-méga-puissante avec plein de vaisseaux partout et une super base. Comment ça se fait ? On ne sait pas.
D'ailleurs, l'ex-Empereur offre au méchant-mais-pas-vraiment-mais-quand-même Kylo Ren Ben, de mettre à sa disposition une super-méga-flotte-de-la-mort-qui-tue, avec la puissance de détruire des planètes pour chaque vaisseau. Comment, depuis sa planète aquatique perdue au bel extérieur de nulle part, l'ex-Empereur à moitié mort a-t-il réussi à construire une telle flotte ? Avec quels matériaux ? Avec quel argent ? Avec quelles ressources ? Avec quels ouvriers ? Bref : comment ça se fait ? on ne sait pas.


Mais du coup, Rey n'est en fait pas n'importe qui : elle est la petite-fille de l'ex-Empereur. Tout le monde le savait, comme nous l'apprend le fantôme de Luke, parmi les fantômes de Leia, de Han Solo, et puis d'autres fantômes mais on ne sait plus parce que Star Ghost Wars ça fait quand même un cross-over bizarre.


Donc, la Résistance ressuscitée (puisqu'on vous dit que les morts parlent !) débarque avec plein d'alliés et tue tous les méchants, pendant que Rey récupère le sabre laser du Jedi-Princesse Leia, le croise avec celui du Jedi-Luke (pour imiter Wonder Woman ?), tue son grand-père (mais bon, on nous l'a déjà faite, celle-là), meurt (de quoi ?), avant d'être ressuscitée par Kylo Ren Ben sorti d'un trou, qui l'embrasse (le BG Blanc avec l'héroïne Blanche, les convenances sont sauves) et puis meurt à son tour (de quoi aussi ?).


À la fin tout le monde s'embrasse, y compris deux nanas parce qu'il faut être progressiste - mais pas au point d'avoir une romance entre un homme Noir et une femme Blanche, faut pas délirer non plus. Les méchants sont morts (pour le moment), les gentils ont gagné, tout le monde est content - sauf les gens qui ont vu le film. Mais celui-ci va quand même engranger des miyards. Comment ça se fait ? On ne sait pas.




Episode 7 À Moi


La jeune Rey, qui n'est personne, se découvre une sensibilité à la Force sur sa planète perdue. Elle rencontre l'ex-stormtrooper Finn, qui lui aussi éprouve une sensibilité à la Force. Le méchant Kylo Ren, disciple de Snoke, héritier spirituel de Palpatine, veut marcher dans les traces de son grand-père, Vador, et restaurer l'Empire Sith. Les forces de la Nouvelle République, menées par la Chancelière Leia, se liguent pour l'en empêcher. Kylo Ren forme une armée de nouveaux Sith, fanatisés et solitaires comme tous leurs prédécesseurs. Pour compléter leur formation, Rey et Finn cherchent et trouvent le vieux Jedi qui a formé Kylo Ren à la Force, Luke Skywalker.


Episode 8 À Moi


Le Jedi Luke Skywalker, exilé sur l'île de Pâques comme son maître Yoda avant lui, reconnaît avoir échoué : il n'a pas su détourner son protégé et neveu Ben de l'attraction du côté obscur. C'est lui qui apprend à Rey et Finn, qui sont de plus en plus proches (wink wink), qu'ils sont tous les deux une dyade de Force - deux moitiés d'un tout, réunis par la Force.


Forts de cette nouvelle connaissance, Rey et Finn, après un gros câlin dans le Faucon Millenium (c'est long les voyages en hyperespace, et les nuits sont froides), décident de chercher tous ceux qui présentent une affinité avec la Force, et de fonder une nouvelle académie sur une planète de la République. Kylo Ren, qui entre-temps a tué son maître Snoke, l'apprend et débarque avec ses armées. Rey et Finn ne sont pas prêts à l'affronter, lui et ses sbires : afin de leur laisser le temps de fuir, Leia, Han Solo, et leurs troupes, se sacrifient et se font massacrer par Kylo Ren, qui pour le coup tue père et mère dans son rêve stupide de succéder à son grand-père (à noter qu'il n'est pas très cohérent dans ses attachements filiaux, ce garçon).


C'est la dèche, la République est en danger, et Kylo Ren est en pole position pour le titre mondial.


Episode 9 À Moi


Rey et Finn ont finalement compris ce qui n'allait pas avec les anciens Jedi et Sith : les Jedi interdisaient l'attachement, alors qu'ils sont tous les deux la démonstration que deux Jedi unis par la Force (romantiquement ou pas) sont quand même vachement plus forts puisqu'ils s'équilibrent : chacun apporte à l'autre ce qui lui manque, et on veille l'un sur l'autre pour éviter de tuer ses parents ou d'étrangler sa femme. Quant aux Sith, on reprend leur chouette idée de "Always two they are", mais cette fois en brisant le lien d'asservissement traditionnel ("A master, and an apprentice"). À deux égaux, on apprend plus vite, et aucun des deux ne peut prendre le dessus sur l'autre puisqu'ils sont liés par la Force.


Rey et Finn fondent une nouvelle académie sur ce principe de la dyade, forment de nouveaux Jedi-dyades, et affrontent Kylo Ren qui, dans sa philosophe Sith mégalo et donc complètement obsolète, ne peut pas tenir le choc et se fait rétamer. Ses anciens disciples Sith s'unissent dans la Force à des disciples de Rey et Finn : Sith et Jedi forment donc des paires, des dyades de Force parfaitement équilibrées, réalisant ainsi le vieux rêve Jedi d'amener la Force à l'équilibre.


Moralité : on est quand même plus forts à deux que tout seul, l'attachement pour un Jedi c'est très bien, et les câlins entre un homme Noir et une femme Blanche c'est formidable, surtout si c'est bien filmé. Tout le monde part heureux dans le soleil couchant et au son de la musique géniale de John Williams, et la porte est ouverte pour de nouvelles trilogies en dehors de la famille Skywalker.




Voilà. Ma postlogie à moi m'a pris 5mn à imaginer et à écrire, et elle ne vole pas haut, mais elle a le mérite d'être cohérente, elle. Comme quoi, quand on veut...

PhenixHeaven
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le 30 déc. 2019

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