Vue lors d'un ciné-psychanalyse, le débat m'a paru désincarné car il n'utilisait le film uniquement comme illustration pour parler de la maladie d'Alzheimer. Triste sort pour un film, même pour ce film.

En dépassant le cadre duquel je l'ai vue je me rend bien compte que le film est plat car il ne souhaites que faire plaisir, faire ce que la norme veut. Un bon film sait mettre à mal son spectateur, cela ne veut pas dire que tout les films doivent le faire mais qu'une œuvre non-nanardesque ne doit pas se contenter des canons. Dans Still Alice, le spectateur attend à voir un drame alors on fera le drame tel que le spectateur veut le voir. Ce paradigme est terrible.

Le misérabilisme transparaît de bout en bout du film : la maladie y est condamné et est même une tragédie. La musiques empatique (c'est-à-dire la musique en raccord avec l'émotion de la scène) joue son rôle classique, elle dit "regarde ce moment de dégénérescence est triste". Le film ne s'assume pas. Il donne l'air d'être objectif mais en soulignant systématiquement les moments tristes, et uniquement les moments tristes, le film va à contre-courant de ce qu'il souhaitait faire. C'est en faisant trop qu'on produit le contraire du but. Je n'irai pas jusqu'à dire que ce film est grotesque car il ne va pas assez loin pour l'être. Le film n'en est même pas drôle.

Le film veut nous faire adopter le point de vie d'Alice. C'est elle qu'on suit dès le début, les ellipses nous font penser que dans un premier l'on suit seulement les moments où Alice serait consciente. Or dans un deuxième temps on nous montre juste des moments importants dans la narration, dans cette partie Alice n'est plus qu'un corps. Le film oublie que le spectateur se souvient, on sors de la tête d'Alice tout en la suivant. C'est un comble pour un film de psychanalyse de refuser de psychologiser le personnage principal.

Suite à cela on pourrait penser que le film voudrait achever cette pauvre bête agonisante (c'est ainsi qu'il nous la présentes). Bien au contraire ! Au pic narratif du film une ritourne scénaristique permet de sauver la pauvre bête d'un sucide prémédité lorsqu'elle avait encore toutes ses capacités cognitives.

On aurait pu espérer plus de lien avec le domaine de Alice, la linguistique. Autant que le cinéma, la linguistique est utilisé d'une manière hiérarchique : il ne produit ici rien. On aurait pu espérer une séquence à l'inspiration expressioniste. Je pense à une référence à Caligari où l'on reproduit la séquence du "tu dois devenir Caligari" qui ici deviendrai "tu dois rester Alice" (ou "you must still Alice"). Remarquez je dois inventer des scènes manquantes au film pour avoir quelque chose à dire film !

Seul le film est juste mauvais, insuffisant à lui seul.

Pour mieux comprendre ce défoulement je vous propose de faire un parallèle film.

J'aurai aimé vous parler de Pr. Yamamoto part à la retraite (Kazuhiro Soda, 2020), dans la perspective de faire découvrir de meilleur film, mais hélas je ne me souviens que peu du film. Alors croyez moi sur parole si vous dis que ce film est plus intéressant que Still Alice.

Je vais donc prendre Vortex (2022) de Gaspard Noé. Ce deuxième film assume sa subjectivité. Peut-être se réussit-il mieux car il ne se concentre par sur la maladie d'Alzheimer mais qu'il englobe plusieurs dégénérescence. Dégénérescence des deux membres du couple, dégénérescence de leur fils mais surtout dégénérescence du monde dans lequel nous vivons car ce monde est de plus en plus cruel, sans pitié. Le fatalisme est un ressort incroyable du film. Oui ce film est pessimiste, on ne ressort pas de film sans émotion. Même une amie qui m'a dit qu'elle n'avait pas aimé m'a avoué que ce film avait laissé une trace en elle, qu'il l'a hantait. Enfin Vortex se démarque de Still Alice dans sa forme.

Aussi Vortex se limite pas à la dégénérescence. Il parle aussi de cinéma, de rêve, ect... Mais ça c'est parce qu'il a le grade d'excellent film.

vieille_bibli
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le 27 oct. 2022

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