Alice est atteinte de la maladie d'Alzheimer. Dans ce film, il nous est proposé de la suivre au travers de cette épreuve et d'essayer de comprendre comment, malgré tout, Alice est resté Alice.
Peut être plus qu'une histoire, Still Alice est avant tout un témoignage sur la façon d'affronter une maladie qui ne vous défait pas de votre physique mais qui vous vole petit à petit ce qui fait de vous ce que vous êtes, votre mémoire. Brillante enseignante à l'université et linguiste talentueuse, Alice voit peu à peu disparaître les mots qu'elle maîtrisait si bien. Réalisant parfaitement la situation et devinant très bien ce qui finira inévitablement par lui arriver, elle tente tout de même de rester la femme qu'elle était, la personne qu'elle voulait être.
Julianne Moore campe à merveille le rôle d'Alice. Il faut bien avouer que toutes les récompenses obtenues par l'actrice sont largement méritées. Si le personnage parvient autant à nous toucher, c'est avant tout grâce à son éclatante interprétation. Cependant, j'ai tout de même regretté que l'importance qu'occupe Alice à l'écran dévore le rôle de la famille dans cette histoire. Aisés, intelligents et ayant parfaitement réussi dans la vie, les enfants et l'époux d'Alice semblent n'affronter aucune difficulté au cours du film. Toutes les décisions prises sont les meilleures possibles, au bon moment et dans les meilleures conditions envisageables. Effacés et bien souvent absents à l'image, tous semblent alors relégués à l'arrière plan dans des rôles un peu clichés. Alors qu'elle semble avoir été parfaitement soutenue — et presque comprise par sa plus jeune fille — Alice paraît affronter la maladie dans la solitude.
Et c'est ici mon plus grand regret dans un film qui est sinon largement réussi. Il ne paraît n'y avoir ni couple, ni famille à sauver. Alice glisse pendant une centaine de minutes vers une disparition inexorable de sa personnalité, sans heurt majeur. La difficulté, son épreuve, est bien là, visible. Mais j'aurai regretté pendant une bonne part du film de ne la voir lutter seule. Et la formidable prestation de Julianne Moore n'aura pas suffit à compenser ce qui m'a paru être un défaut.