Le plus difficile dans une guerre, c'est d'en sortir
Stop-loss : une loi qu'on aurait dû m'apprendre avant de partir.
Vous êtes militaire, vous rentrez en un morceau de mission. Quel bonheur de retrouver sa famille, les siens, son village. Alors on se fait une grande bouffe, on se fait choyer comme un héros qui a sauvé son pays. Oui mais elle n'est jamais très loin, cette guerre. Elle est dans ce verre de tequila, dans cette incapacité à retoucher votre femme. Elle est dans ce coup de poing malheureux qui vous permet de montrer à cette dernière que vous êtes toujours un mâle, dans ces cauchemars. Elle est dans le regard de ces civils qui vous regardent et ne vous comprenne plus. Alors, quand tout semble vous conduire à une lente agonie vers le suicide, l'alcoolisme ou autre joyeuseté, voici que s'ouvre une porte. Vous rentrez à la caserne pour rendre votre paquetage, en finir avec tout ça, recommencer une nouvelle vie. Stop-loss : on y retourne mon petit gars. C'est la Loi, la dure loi de l'Oncle Sam qui peut prolonger votre service actif. Deux voies : fuir ou accepter.
Ce film traite un sujet peu abordé qui est celui du retour de guerre. Il est plein de pudeur, traite du sujet sans héroïsme inutile, va même jusqu'à monter ce qu'on ne voit que rarement - un peu à la manière de Né un 4 juillet - les mutilés de guerre. Un conflit contemporain, l'Irak version seconde saison, une guérilla bien gerbante au coeur des rues de Tikrit. Deux amis d'enfance campés par de bons acteurs aux rôles forts différents, Ryan Phillippe, Channing Tatum. Entre les deux, une femme, comme souvent, mais un traitement tout en pudeur rendant Abbie Cornish assez lumineuse. En plus on évite toute scène racoleuse, c'est appréciable même si la belle est mignonne.
Alors oui, évidemment, on est loin des canons de l'armée US actuelle : les mecs sont beaux et taillés comme de vrais gladiateurs alors que de nombreux généraux sont affolés de la qualité dramatique de leurs troupes touchées par l'obésité, incapables bien souvent de tenir les efforts physiques nécessaires à des heures de combats soutenues. Faites une recherche rapide sur le net, croisez les infos, vous verrez, c'est éloquent. Oui, cette armée là est bien trop propre, les copines sont toutes des bombes en puissance etc etc. Mais ce bel habillage ne doit pas occulter l'essentiel : ce film aborde un thématique rare, avec une certaine délicatesse, sans hymne patriotique débile à la fin. Rien que la scène de l'hôpital vaut le détour.
Une trouvaille extrêmement sympa et assez intelligente pour mériter d'être découverte et bien notée.