Sybil
7.3
Sybil

Film de Daniel Petrie (1976)

Basé sur le livre de Flora Rheta Schreiber paru 3 ans avant, le film parle de la psychothérapie d'une femme d'une petite trentaine d'années ayant refoulée à un tel point son enfance qu'elle a développé plus d'une dizaine de personnalités toutes plus différentes les unes des autres. Comme des poches d'air, chaque personnalité renferme ce que Sybil a gardé de précieux en elle, tout ce qui n'a pas été altéré par les abus ignobles et répétés de sa mère.

Le film dans sa forme n'a rien d'exceptionnel, toute la puissance vient de l'histoire de cette femme qui affronte se démons constamment et fini par trouver un moyen pour enfin les affronter, par le biais de sa thérapeute. J'aimerais pouvoir en dire beaucoup plus, toutes les personnalités de Sybil ont un but précis, chacune a une mission particulière dans sa vie. On apprend que cette dernière est une artiste remarquable, capable de jouer du piano, chanter, danser, peindre ou dessiner avec un talent incroyable. Seulement, ces facettes n'apparaissent que lors des sessions. Tout est enfermé en elle, la Sybil du quotidien est craintive de tout, elle est incapable de développer le moindre contact. C'est une éducatrice de jeunes enfants qui a des terribles trous de mémoire et fait des blackout n'importe quand. Surtout quand le danger arrive, par protection.

Les sessions avec la thérapeute amènent chaque fois un peu plus de réponses mais aussi de questions, c'est comme un puits sans fond où ne cesse de s'entasser l'horreur. Mais c'est aussi là qu'on perçoit qui est vraiment Sybil, ce qu'elle aime, ce à quoi elle aspire, sa lutte pour conserver ce qu'il y a de plus précieux en elle. Des morceaux de vie heureuse comme un enfant de 8 ans qui danse et chante pour elle ou une relation fusionnelle avec sa grand mère. On comprend petit à petit tout ce qui lui a été enlevé.

C'est bouleversant, et il est impossible de ne pas fondre devant une telle histoire. Sally Field, que j'apprécie depuis que j'ai vu Norma Rae, campe une Sybil avec un tel brio. Elle parvient à développer toutes ses personnalités avec une aisance remarquable. Joanne Woodward est elle aussi incroyable en psy/mère de substitution. L'intimité développée entre les deux est palpable à chaque scène, à chaque fois toujours un peu plus.
Bunk_McNulty
10
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à sa liste La crème

Créée

le 2 avr. 2014

Critique lue 2.5K fois

5 j'aime

Bunk_McNulty

Écrit par

Critique lue 2.5K fois

5

Du même critique

Jude
Bunk_McNulty
8

Mariés à tout prix

Film, inspiré d'un roman de Thomas Hardy écrit 100 ans plus tôt, qui pose un regard critique sur les fondements du mariage, de l'éducation, la prédominance de la religion, et la lutte des classes...

le 6 nov. 2013

7 j'aime

La Vie d'Adèle - Chapitres 1 et 2
Bunk_McNulty
10

Naturalisme, lyrisme...magnifisme

Adèle est en moi, elle a laissé à jamais une trace dans ma vie puisque je viens de partager la sienne. Je l'ai vue jeune et devenir femme, j'ai partagé ses joies, ses peines, ses sourires, ses moues,...

le 9 mars 2014

6 j'aime

Sybil
Bunk_McNulty
10

Enfance brisée

Basé sur le livre de Flora Rheta Schreiber paru 3 ans avant, le film parle de la psychothérapie d'une femme d'une petite trentaine d'années ayant refoulée à un tel point son enfance qu'elle a...

le 2 avr. 2014

5 j'aime