Comme dans beaucoup de films sud-coréens, on assiste à une véritable démonstration, à une grande maitrise de l'objectif, du mouvement, du temps, des angles, de l'ombre, de la lumière, des contrastes, des décors. Chaque plan est travaillé, sculpté, taillé. Rien n'est laissé au hasard.
C'est précis, c'est beau, c'est impressionnant. La capacité créative de ce réalisateur est carrément bluffante. Là où d'autres se contentent bêtement de filmer sans chercher midi à quatorze heure, Park Chan-Wook sublime chaque scène, chaque paysage, chaque coin de rue, chaque escalier, chaque geste, chaque visage. On sent le cinéphile, le bosseur acharné, le passionné. C'est vraiment inspirant.
Le personnage principal du film, c'est la vengeance. Le réalisateur la rend presque palpable, presque humaine et effectivement, sympathique. Dans un crescendo de drames et de cruauté, il souhaite nous embarquer dans les profondeurs de la vendetta, pour le plus grand plaisir des mes instincts barbares primaires.
Petit à petit, on descend avec les personnages les marches de cet escalier noir qui mène à la haine et le désespoir. D'ailleurs on remarquera que le réalisateur nous montre beaucoup d'escaliers, comme pour symboliser, ce mouvement, ces montées et surtout cette descente vers l'accomplissement inévitable de la violence.
Seulement, il y a un hic. Le problème pour moi c'est la faiblesse du scénario. Il n'a pas réussi à m'emporter. Je suis souvent resté sur l'autre rive à regarder de loin tous ces magnifiques plans. Je ne suis pas un garçon facile c'est vrai. J'ai un cœur de pierre sûrement. Je suis un peu blasé maintenant aussi j’avoue. On l'est peut être un peu tous aussi. En 2002 on l'était sûrement pas autant.
Pourtant tout était réuni car les acteurs sont excellents (mention spécial au sourd et muet, sorte de Charlie Chaplin coréen à la sauce brutale et épicée).
En fait, le côté drama sud-coréen j'ai du mal. Ça baigne trop dans le pathos. On vous sert du drame en pagaille mais chez moi, cette fois ci, ça n'a pas pris. On sent trop qu'on cherche à vous émouvoir. C'est presque trop mécanique.
L'art c'est comme l'amour. Si ça manque d'improvisation, si c'est trop maîtrisé, ça ne fonctionne pas. Il manque un truc. Ce petit quelque chose, ce je ne sais quoi, ce lâché prise qui fait la magie de la vie.
Selon moi les films sud-coréens qui ont réussi à dépasser cette tendance et proposer un scénario solide se démarquent complètement du lot et passent un vrai cap qui les place au sommet (comme Parasite, The Chaser ou The Strangers).
Mais bon, Sympathy for Mister Vengeance est tellement bien réalisé que même si le scénario est faible, ça passe. C'est beau, c'est fin, c'est violent et poétique. On le sent, on est bien au cinéma.