Evidemment, c’est moche : les gentils Américains riches et naïfs qui se retrouvent confrontés au monde (en l’occurrence Paris avec ses vilains Albanais, ses méchants Arabes et ses salauds de bureaucrates tous corrompus avec une sombre histoire de traite de jeunes femmes). Evidemment, c’est ridicule : le gentil agent secret américain retraité qui veut se racheter auprès de sa fifille chérie et qui l’arrache des griffes des vilains après avoir remonté une filière en 48 heures et dézingué au moins une cinquantaine de types tous plus dangereux les uns que les autres. Tout ça est archi caricatural, peuplé de clichés plus ou moins acceptables, mais tout ici n’est que prétexte.
Un prétexte qui n’est pas s’en rappeler celui qui faisait les films d’action au goût parfois douteux des années 70 et 80 mais à qui on pardonne (aujourd’hui) ses excès. En tête d’affiche, Liam Neeson donne ici une nouvelle orientation à sa carrière et s’en tire parfaitement. Comme dans tous ces nouveaux films d’action (à partir des années 2000 avec Jason Bourne, notamment), le montage est très serré, les mecs sont tous ceinture noire de combats rapprochés, dès qu’ils montent dans une voiture on voit bien qu’ils ont été pilotes de rallye dans une autre vie, la caméra bouge beaucoup (beaucoup trop surtout…) mais, même si c’est du prêt-à-consommer, c’est parfois très divertissant.
C’est le cas de ce Taken où Besson, qui a écrit beaucoup de films ni fait ni à faire, va à l’essentiel tout en trouvant un certain équilibre entre scènes d’action et déroulement de l’intrigue. C’est très schématique mais le résultat est efficace et, comme c’est un film français, Paris n’est pas un cadre de carte postale qui constituerait un cliché supplémentaire. Un vrai divertissement plutôt bien conduit où il faut faire fi des raccourcis communautaires pour se contenter d’un spectacle bas de plafond qui manque sûrement de finesse dans la description de ses antagonistes mais qu’il ne faut pas interpréter comme un message politique.