Itami une bonne pâtée

Le restaurant de Tampopo fait du rāmen (de la soupe aux nouilles) médiocre. Débarque alors à l’improviste le Philippe Etchebest japonais, à savoir un certain Goro, camionneur de son métier, une sorte de sergent instructeur Hartman dans Full Metal Jacket.

Avec l’aide d’autres samouraïs du rāmen (un vieux clochard spécialiste du bouillon, un Ken Watanabe spécialiste des nouilles) il va en quelques coups de baguettes redresser le restaurant et en faire la meilleure boutique de rāmen de Tokyo.

Dans la cuisine comme ailleurs c’est la digression qui fait la saveur du plat. Juzo Itami le sait bien et ajoute un peu d’érotisme, un peu d’humour très noir et un zeste de satire qui n’ont qu’un rapport très lointain avec la préparation du rāmen. Ainsi on peut voir des cadres réunis dans un restaurant de luxe se contraignant à manger les mêmes plats insipides que leur manager pour fayoter, alors que des clochards gastronomes se préparent un bon gueuleton à partir de la nourriture trouvée dans les poubelles.

Le sujet du film est décalé et prouve que les Japonais aussi ont le sens de l’humour. Enfin de l’humour oui, mais à condition qu’il reste dans la limite des convenances. Juzo Itami est mort « suicidé » en étant poussé du haut d’un toit. Il avait osé se moquer des yakuzas dans un de ses films...

Dans Tampopo il ne se moque de personne. Il y a juste un spectateur qui mange pendant un film qui se prend une bonne poire sans sommation.

J'ai remarqué un petit défaut toutefois : à force de montrer des gros plans sur les bols fumants et goûteux le film donne une envie irrépressible de se précipiter sur du rāmen.