Tampopo
7.6
Tampopo

Film de Jûzô Itami (1985)

Tampopo est un excellent film du début à la fin. Voilà pour mon introduction, en toute simplicité : regardez-le, il vaut le détour.


Qu'est-ce donc que Tampopo ? L'histoire est simple. Un soir, deux routiers, Goro et son jeune ami dont je n'ai pas retenu le nom et on s'en fout même si j'aime bien cet acteur, se retrouvent dans le restaurant de ramen de madame Tampopo (fleur de pissenlit en japonais), et au terme de diverses péripéties, Goro décide de l'aider à cuisiner des ramen dignes de ce nom. Commence alors un voyage initiatique dans le monde des ramen, au milieu d'un film en partie choral dont les diverses scénettes nous offrent autant de moments d'anthologie.


Tampopo emprunte ses codes au western à l'occidentale et les détourne joyeusement dans une épopée absurde et drôle comme on les aime. Goro, son chapeau à la Clint Eastwood (qu'il n'enlève pas même pour prendre un bain !), son air taiseux et son grand coeur, embarqué dans ce périple où on va croiser un "maître des ramen" qui vit avec des clochards gourmets, où l'on espionne les concurrents et lutte dans des affrontements aussi épiques qu'absurdes, pour obtenir LA meilleure recette , le secret du ramen - toute cette ambiance faussement western, avec un vrai sens du suspense, de la tension, de tous les codes qui font ces films bien typés, tout cela est maîtrisé avec brio et reversé dans notre histoire qui pourtant ne pourrait pas être plus éloignée des préoccupations des western.


Car dans Tampopo, le sujet, le héros, le personnage central, c'est la nourriture. Nourriture aimée, nourriture recherchée, nourriture savourée. Autour de l'histoire de Goro et Tampopo naviguent divers personnages dont la plupart n'apparaissent que le temps d'une unique scène, toujours hilarante (à deux exceptions près, un peu étrange et dérangeantes, mais bon, c'est le Japon les enfants) et toujours centrée autour de la nourriture. Je n'aurais jamais cru qu'on pût trouver autant de sketchs différent qui tourneraient tous autour du plaisir de la bouche.


Et plaisir il y a, car non content d'explorer les codes du western, le film s'amuse aussi au détour de quelques scènes à se la jouer film érotique ou film noir, via le personnage du gangster et de sa belle pépée, qui ont des fantasmes pour le moins, disons, atypiques (et culinaires), et permettent de récupérer l'ambiance si particulière des films de mafieux.


Ma préférée demeurera tout de même cette vieille déjantée dans le supermarché qui s'amuse avec délectation à saccager chacun des aliments. Dit comme cela, on n'imagine rien de transcendant, mais concrètement, la salle de cinéma entière était hilare. Comme pendant une bonne moitié du film d'ailleurs.


Une vraie réussite. Drôle, sans temps mort, avec une inventivité folle et un art du renouvellement maîtrisé, un bon rythme, des acteurs heureux d'être là, et puis, ces ramen, seigneur, ces ramen. Heureusement que pour l'occasion j'avais été en manger juste avant la séance, sans quoi, diantre, je serais décédée d'avidité et de gourmandise devant cette nourriture si divinement filmée.

Kabouka
8
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le 27 sept. 2015

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