Le premier film "Ted", sans appartenir aux grands chefs d'oeuvre du cinéma, pouvait avoir un humour efficace. Les personnages étaient bien développés et le message transmis était honorable. S'il n'est pas nécessaire de faire une croix sur son enfance et son adolescence, il faut tâcher d'en tirer le meilleur afin de devenir un adulte épanoui.
La suite tire un trait sur les bons aspects de son prédécesseur et s'emploie à démontrer que les envies puériles et dangereuses des adolescents sont tout à fait légitimes et honorables et que ce sont les méchants adultes qui ont tort, avec leur envie ridicule d'évoluer et leur souhait absurde de devenir les meilleures personnes possibles... Rien ne doit jamais empêcher Johnny et Ted de se droguer, de balancer des jurons à tour de bras, de faire des blagues idiotes... Jusqu'à l'ultime blague du film qui atteint le summum du mauvais goût en enlevant à une scène ayant du potentiel tout son possible impact émotionnel.
Les personnages n'ont plus aucune consistance et l'intrigue en perd son intérêt. Ted souhaite devenir papa pour une seule et unique raison: une de ses collègues de travail lui a affirmé que cela lui permettrait de sauver son couple! L'ambition de l'ourson le plus vulgaire des Etats-Unis apparaît alors comme un voeu immature et irréfléchi, ce qui ne donne aucunement envie de l'encourager dans sa démarche.
Les débats au tribunal auraient pu être intéressants: en quoi Ted est-il une personne? Est-ce que ses sentiments font de lui un être humain? Devons-nous garder en tête qu'il est né jouet, une marchandise destinée à la vente et donc, par essence, un bien? Devons-nous prendre en compte son autonomie?
La première scène avec Morgan Freeman apportait un nouveau questionnement qui aurait pu être intelligemment exploité par le film: Ted n'a jamais rien fait pour les autres. Il vit tel un parasite de la société, fêtard accro aux susbstances illicites et entraînant sans cesse celui qu'il dit son meilleur ami dans des soirées dangereuses, le poussant vers le bas.
Le film n'a cure de cet avertissement, et trouve une pirouette pour faire triompher nos personnages sans jamais les inviter à se remettre en question.
Ce message est particulièrement néfaste et problématique. Il est, au contraire, impératif d'évoluer au cours de son existence et de ne pas se raccrocher désespérément aux plaisirs éphémères qui ont pu laisser des bribes de bons souvenirs.
En résumé, ce film est une déception qui perd les apports du premier et dont les blagues, moins osées, se mettent au service d'un enseignement toxique.