Tekken : The Motion Picture
4.6
Tekken : The Motion Picture

Moyen-métrage d'animation de Kunihisa Sugishima (1998)

On pourrait dire qu'il s'agit d'une autre œuvre qui a marqué mon enfance à sa manière, mais elle est de toutes façons perfectible, je le savais alors que je n'avais encore pas perdu toutes mes dents de lait, et c'est surtout la saga dont elle est tirée (du moins, certains éléments de celle-ci) qui me tient à cœur.

Adapter un jeu vidéo en anime ou en film, on le sait, c'est toujours casse-gueule, et il y avait déjà des exemples qui faisaient pencher la balance du mauvais côté au moment de la sortie de cet OAV, qui, hélas, ne rééquilibre que très peu les choses.


Ce ne sont ni le chara design, ni les effets sonores, ni la très bonne OST, ni les voix (du moins en VF, bien qu'il soit regrettable qu'il n'y ait pas pu y avoir plus de comédiens pour se partager les différents personnages) qui dérangent, c'est simplement le parti pris : je trouve normal de centrer l'histoire sur tout ce qui touche de près ou loin aux Mishima, et ça fait plaisir de voir le background de certains personnages creusés quelque peu, mais c'est déjà là où le bât blesse, en plus du choix arbitraire d'en voir d'autres qui n'apparaissent pas une seule seconde alors qu'on les voit dans l'intro (Wang en tête de liste, ce n'est celui qui, parmi eux, m'intéresse le plus, loin s'en faut, mais disons qu'il aurait eu une raison d'apparaître dans un film qui se base sur les deux premiers jeux, au contraire des Eddy, Hwoarang, Forest Law, et Xiaoyu qu'on peut également apercevoir, au contraire de Bryan curieusement, n'apparaissant pas dans ceux-ci, et non, l'ending de Yoshimitsu du premier jeu ne saurait compter que très difficilement, désolé petit Forest, va donc courir pour la peine).


En fait, oui, l'histoire de Michelle (aka « La fille du bateau ») est touchante (la scène de son combat avec Kazuya tire vers le larmoyant, peut-être un autre défaut du film comme une qualité, j'y reviendrais), comme les motivations de Jack-2 (qui ne devrait pas en avoir, j'y reviendrais aussi), il est amusant de voir les sœurs Williams se bercer d'illusions au sujet de Lee (dont le caractère a changé, j'y reviendrais aussi) et se faire la guerre pour lui, c'est agréable de voir le Docteur Bosconovitch présenté autrement que le savant fou ivre mort de Tekken 3mais pourquoi Armor King, King, Marshall Law, Paul et Yoshimitsu n'ont pas droit à plus de 10 secondes d'apparition ? Pourquoi Baek (encore faut-il en arriver à la conclusion que ce soit lui, le pauvre n'est même pas nommé) ne sert-il que de faire valoir à Kazuya durant un combat dantesque de... 20 secondes montre en main ? Pourquoi en est-il de même pour Ganryu (qui ne mérite pas de nom non plus visiblement) vis-à-vis de Michelle ?


Je pose la question, mais je sais pourquoi, parce qu'en optant pour une durée d'une heure avec, encore une fois, les Mishima (et la Kazama) comme point central, on ne peut pas satisfaire tout le monde. Aurait-il fallu monter à 1h30 voire 2h00 pour équilibrer un peu les choses ? Je ne le pense pas, cela aurait tiré sur la longueur, et déjà que le traitement de Jack-2 ne semble pas forcément naturel (on l'a clairement foutu là pour ne pas tartiner du Kazuya et du Jun jusqu'à écœurement, mais pour le scénario et la progression de l'histoire, lui et la pauvre petite Jane, elle aussi non nommée, ne servent à rien), ce n'est pas la peine d'infliger la même chose à des personnages qui auraient pourtant mérité autant de temps à l'écran que lui (qui n'aurait pas souhaité que Paul, King et Yoshimitsu cumulent plus à eux trois que 45 secondes d'apparition ? Qui ?). J'aurais proposé quelque chose comme une série en une quinzaine d'épisodes d'une quinzaine de minutes maximum permettant de voir le passé, les motivations (ou les motifs de création) pour participer au tournoi (ou y être liés), et l'évolution dans ledit tournoi de la trentaine de personnages faisant une apparition de la plus succincte à la plus importante dans cet OAV (sans oublier Wang cette fois).


Outre un temps d'apparition équilibré avec les pieds, il y a aussi une petite tendance du film à négliger les combats (si on ne veut que ça, il reste les jeux, bien entendu, mais ils semblent quand même ne pas occuper une part si importante que ça), impliquant plus de parlotte qu'il n'en faudrait, et à vouloir faire pleurer dans les chaumières avec le passif ou le sort de ces personnages (dont ces histoires de fierté, de sentiments et de libre arbitre pour Jack-2, un fucking robot, et non un cyborg, n'est-ce pas la VF ?). Ce n'est pas forcément que ça ne marche pas, mais avec toutes ces histoires de guerre, de maladie, de manigance, de vengeance, de haine, et plus si affinités, le film baigne dans une ambiance presque cafardeuse, oubliant beaucoup trop souvent que si le scénario des jeux est imprégné de ces histoires lugubres (le père qui veut tuer le fils, le fils qui veut tuer le père, le frère qui veut tuer le frère, la sœur qui ne peut pas voir la sœur en peinture, balèze les familles, appelez donc Pascal que tout ce petit monde se calme une bonne fois pour toutes), ce sont avant tout des jeux vidéos, justement, et qu'il n'était peut-être pas trop besoin de se prendre trop au sérieux. Même Alex, personnage loufoque dans son Tekken 2 d'origine (un dinosaure humanoïde qui fait des arts martiaux et équipé de gants de boxe, fallait aller le chercher ça), se voit transformé en une machine à tuer aux allures de T-Rex (ou plutôt indominus rex avant l'heure, le truc peut se rendre invisible et tendre des pièges), et même dupliqué en plusieurs modèles, cela a beau donner lieu à une scène d'anthologie avec Kazuya, il s'agirait aussi de péter un coup de temps en temps (référence subtile à un jeu de la saga cité précédemment, un poulet rôti à la personne qui la reconnaîtra).


Le fait de péter amène aussi d'ailleurs à diverses flatulences, euh, pardonnez-moi, je m'égare, mais je souhaitais rebondir sur un sujet abordé dans le paragraphe précédent, je n'ai juste pas choisi le bon. Je voulais dire que la transformation d'Alex, à l'instar du changement de caractère de son (supposé, le film le dit, mais ce n'est pas la réalité) créateur Lee, n'est pas un des seuls détails où des libertés ont été prises, et, c'est quand même dommage, bien qu'on ait vu plus dérangeant (je suis le premier à vomir sur les « alternate takes », les trucs volontairement non fidèles, mais là, ça me semble raisonnable) et que ces modifications proposent des idées intéressantes (la rencontre entre Kazuya et Jun, même si elle n'avait peut-être pas besoin de cette histoire de lapin, et la mort hypothétique d'Anna et Lee, qui sont des personnages qui m'ont toujours laissé complètement indifférent), contrairement à bien d'autres adaptations, dont la chiasse pondue 12 ans plus tard.


Ainsi, même s'il reste appréciable, je ne peux pas nier que Tekken: The Motion Picture me semble avoir difficilement des raisons d'exister tel qu'il est (une heure avec seulement l'histoire des Mishima et de leurs acolytes aurait semblé redondante, mais les éléments choisis pour aérer le propos du film semblent beaucoup trop arbitraires, pour le bien du film, mais aussi pour le bien desdits éléments) et sa trame de départ aurait mérité une autre direction.

Une énième œuvre à potentiel ? Oui !

Abris_Cubalys
6
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le 22 nov. 2023

Critique lue 17 fois

Abris_Cubalys

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