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En me plongeant dans l'Histoire du cinéma italien du début des années 1940 (avec la naissance du néoréalisme provoqué par les œuvres de Luchino Visconti et de Roberto Rossellini), j'ai forcément été amenée à découvrir le cinéma telefoni bianchi, courant né sous la période fasciste du pays, influencé par les toutes premières comédies italiennes et débarrassé de tout intellectualisme et de toute critique sociale. Car sous la pression du parti mussolinien, le cinéma doit seulement distraire et apaiser les spectateurs et non pas diffuser le thème récurrent des comédies sentimentales mondiales où la menace de divorce (illégal en Italie à l'époque) ou d'adultère (alors puni comme un crime contre les bonnes mœurs) étaient monnaie courante.

Pour découvrir l'un de ces films, j'ai choisi Tempo Massimo pour trois raisons. La première parce que c'est le premier long-métrage de Mario Mattoli, grand spécialiste du genre qui a maintes fois dirigé le célèbre Totò. La seconde parce que c'est l’œuvre qui a fait découvrir la grande Anna Magnani au grand public avant que Rossellini ne la mythifie dans Rome, Ville Ouverte une dizaine d'années plus tard. Et la troisième, parce que c'est l'immense futur cinéaste Vittorio De Sica qui interprète le rôle principal. Allons-y pour pour 78 minutes de légèreté et voyons ce que ça donne.

En 1934, dans une région de campagne indéfinie, le jeune professeur Giacomo Banti s'adonne à une existence paisible. Dorloté tel un enfant par sa tante, il ne connaît rien des mœurs au sein des grandes villes et paraît être un naïf au grand cœur. Jusqu'au jour où Dora, jeune femme pleine de vivacité et festive, lui tombe littéralement dessus en parachute, tel un ange descendu du ciel. Fou amoureux et persuadé qu'elle est la femme de sa vie, Giacomo va changer toutes ses habitudes afin de séduire Dora...

Hormis peut-être le sujet de fond qui incite à la concession pour sereinement vivre en couple, il n'y a pas grand chose à tirer de cette comédie de boulevard aussi légère qu'une plume d'oie. Grâce à son montage efficace, les quiproquos emplis de clichés s'enchaînent à un rythme effrénée malgré l'incapacité du réalisateur à produire l'action voulue par le scénario. Interprétée par la chanteuse Milly Monti, le personnage de Dora est rapidement agaçant de par son trop plein d'énergie qui brasse beaucoup de vent et seul Vittorio De Sica sort son épingle du jeu en incarnant ce drôle de professeur lunaire et couvé qui décide brusquement de changer de vie. À l'instar des gags ratés, la romance n'est malheureusement pas crédible car mal écrite et fait sombrer le film dans un torrent de situations bien peu amusantes.

Bref, nous sommes effectivement ici à 100 000 lieues des futures comédies de Dino Risi ou d'Ettore Scola qui, à l'instar des drames de Visconti, n'auraient jamais eu l'aval des fascistes. Tempo Massimo, qui n'a pas grand chose à raconter, reste donc l'exemple type du cinéma superficiel durant l'époque mussolinienne.

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le 3 mai 2024

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