Terminator 2 - Le Jugement dernier par asano

Huit ans après le premier volet de Terminator, James Cameron récidive et pour l'occasion augmente son budget, puisqu'à l'époque T2 était le film le plus cher de l'histoire (Schwarzie et FX novateurs obligent :p). Ce nouvel épisode se déroule plusieurs années après le premier. Combien ? Difficile de le dire, puisque les sources se contredisent sur ce point. John Connor est sensé être âgé de dix ans dans T2, mais il n'est pas difficile de voir qu'il a bien 4 ou 5 ans de plus. Mystère donc.

Le film nous propose dès le départ une image bien pessimiste. Sarah Connor, qui n'a plus rien de la séduisante jeune adulte du film précédent, est hantée par des visions d'apocalypse qui ne la quittent pas. Enfermée à l'asile, son fils est placé dans une famille d'adoption dont il se fout royalement (et qui le lui rend bien, d'ailleurs). Le gamin est livré à lui-même et passe ses journées à pirater les bornes de retrait d'argent, à jouer aux bornes d'arcade et à sillonner Los Angeles sur son scooter. Je vous présente le sauveur de l'humanité.

Mais un évènement imprévu bouscule cette vie idyllique. Deux Cyborgs, un T-800 (Schwarzie) et un T-1000 (Robert Patrick), sont envoyés du futur, l'un pour éliminer John Connor, l'autre pour le protéger. Le rôle de sauveur revient à Schwarzie. C'est là l'un des enjeux de T2 : faire en sorte que le public s'attache à un personnage qui dans le premier volet était une implacable et cruelle machine à tuer et qui a détruit la vie des protagonistes (Sarah Connor et Kyle Reese).

James Cameron et Schwarzie réussissent leur pari haut la main. A tel point que la scène de "mort" du T-800 reste parmi les plus émouvantes qu'il m'ait personnellement été donné de voir dans un film de SF (et je pèse mes mots).

Scénaristiquement, le film est aussi une réussite totale, privilégiant la réflexion au côté bourrin de la chose. T2 n'est en effet pas un film d'action comme tant d'autres. Ce qui intéresse la plupart des spectateurs (au moins moi), c'est davantage le visage rongé par la colère de Sarah Connor, les traces d'humanité sur le visage de Schwarzie et l'inéluctable descente aux Enfers des protagonistes que les scènes pyrotechniques. Une descente aux Enfers, parce qu'à mesure que le film se déroule le sort du T-800 ne fait guère de doute, parce que les cauchemars de Sarah peuvent à tout instant la rendre coupable du pire des crimes et enfin parce que le Jugement Dernier apparaît perpétuellement incertain et en même temps si proche.

C'est une autre nouveauté de T2 : Cameron choisit de proposer aux spectateurs une fin relativement ouverte, puisque tous les moyens de créer Skynet sont détruits par les héros. L'un de ces moyens est d'ailleurs Schwarzie, le T-800. A la fin pleine de certitude de Terminator premier du nom, Cameron oppose une conclusion incertaine mais terriblement oppressante : Skynet est-il réellement détruit ? La réponse dans T3.

Dernier point, les FX. C'est une totale réussite, puisque 13 ans après la sortie du film ils n'ont presque vieilli. Seuls quelques plans très isolés paraissent aujourd'hui datés, T2 étant pour le reste toujours digne de figurer parmi les grands films à effets spéciaux.

En 1991, le film est un succès total tant au box office qu'au niveau des critiques, à tel point que l'idée d'une suite s'impose. James Cameron refuse néanmoins de s'y coller, considérant qu'il a tout dit en deux films. Il faudra attendre 12 ans pour que T3 sorte sur nos écrans, avec Jonathan Mostow (U-571, Breakdown...) aux commandes. Le troisième volet est distrayant, mais il est loin d'arriver au même niveau de réussite que T2.

En définitive, T2 s'impose donc comme LE grand film de SF des années 90-95. C'est un chef-d'oeuvre de sa catégorie, encore inégalé de nos jours (et pourtant Dieu sait que nombreux sont les films qui s'y sont essayé). Schwarzie y trouve peut-être son meilleur rôle, et James Cameron l'un de ses meilleurs films (je dis l'un de ses meilleurs films, car je dois avouer que j'ai énormément apprécié Titanic ;) ). Un film à voir et à revoir sans jamais s'en lasser.