Autant le visionnage du premier film a eu sur moi l'effet d'une gentille claquinette sur la joue, autant celui du deuxième s'est apparenté à un gros coup de poing en plein dans la figure. Après le grand succès du premier film (ce qui est pas mal à l'époque pour un film classé R aux US), une suite est envisagée et commence à être mise en chantier au début des années 90. Pour cela, le réalisateur sera aidé du très confortable budget de 102 millions de dollars, soit environ... 16 fois le budget du premier film. Ce qui n'est pas rien quand on y pense.


Et donc pour l'histoire, on reprend à peu près le même background (la guerre entre les robots et les humains en 2029, le retour dans le passé pour tuer le leader John Connor) mais sur le coup, James Cameron innove. Principalement par le fait d'avoir fait du méchant du précédent film le gentil protecteur de John. Ce qui n'empêchera pas Schwarzie d'être toujours au top de sa forme et de balancer des répliques cultes en veux-tu en voilà, je n'ai même pas besoin de les citer. De plus, ce point est bien géré car en envoyant une machine à la rescousse d'un humain, Cameron permettra d'humaniser la relation entre les deux espèces sans tout foutre en l'air de façon ridicule (en juge la scène du sourire, certes excellente mais heureusement coupée car poussant un peu loin le principe de la machine). La force du T-800 vient du fait qu'il parvienne à retranscrire chez le spectateur des sentiments, alors qu'il n'en éprouve pas lui-même.


A côté, nous retrouvons notre chère Sarah Connor qui a finie à l'hôpital psychiatrique en raison de ses histoires jugées abracadabrantes. Toujours aussi badass et troublée psychologiquement (j'adore la scène où elle aperçoit le T-800 à l'hôpital en pensant encore qu'il vient la tuer), toujours aussi bien interprétée par une excellente Linda Hamilton, le film montre bien pourquoi j'adore son personnage. Une sorte de Rambo au féminin (enfin le Rambo du premier film hein) qui est certes forte mais qui a un caractère poignant, troublée à la fois par ce qu'il lui est arrivé avant et ce que l'avenir réserve (la scène où elle imagine l'holocauste nucléaire, dieu qu'elle est effrayante).


Ensuite, il y a le méchant, une autre machine envoyée par Skynet mais beaucoup plus avancée que le T-800, j'ai nommé le T-1000, incarné par Robert Patrick. Il se démarque en tout point du T-800 et représente une plus grande menace. Il peut prendre l'apparence de n'importe qui, il peut se fondre dans le décor, il semble difficile de l'arrêter. Et à la différence du T-800 dans le premier film que tu peux facilement reconnaître afin de l'éviter, le T-1000 peut être n'importe où, soit dans le décor, soit en ayant l'apparence d'un homme lambda qui à priori ne te veux pas spécialement de mal, ce qui rend sa menace quasi omniprésente.


Le T-800 et le T-1000 ayant été envoyé plusieurs années après les événements du premier film, c'est l'occasion pour nous de découvrir le jeune John Connor, à première vue le stéréotype de l'ado rebelle, mais avec un caractère fort et crédible. Avec sa mère à l'hôpital psychiatrique, les années sans elle l'ont rendu débrouillard et intéressant car même en ayant retrouvé sa mère, il lui reste finalement assez distante. Et évidemment, il va finir par voir en le T-800 la figure paternelle qu'il n'a jamais eu, bien que finalement, c'est John qui va "éduquer" la machine (aux punchlines de malade notamment).


La production du film a permis à James Cameron de bénéficier du plus gros budget pour un film à l'époque, et le réalisateur ne s'en est pas privé. Le film est bourré de scènes d'action parmi les plus jouissives de l'histoire du cinéma (personnellement je m'incline devant la scène finale dans la fonderie, non seulement son principe est excellent, mais en plus elle est bourrée de passages absolument magiques). Rien que l'apparition du titre qui en jette comme c'est pas permis donne le ton. Les scènes avec le T-1000 et la démonstration de ses capacités sont excellentes et n'ont pas pris une ride, d'ailleurs de manière générale les effets spéciaux de cette suite ont mieux résisté aux ravages du temps que ceux du premier film. On notera également que contrairement à ce que l'ont pourrait croire, au final assez peu de scènes résultent de l'utilisation d'ordinateurs. La preuve avec Jurassic Park, The Thing et quelques autres que l'on pouvait faire de grandes choses au niveau des effets spéciaux sans ordinateurs.


Comme je l'avais dit dans ma critique du premier film, dans cette suite le rythme est à mon sens mieux maîtrisé, et pourtant il n'en reste pas moins un film très sombre dans son propos. La scène avec le rêve de Sarah à propos de l'holocauste donc en est la meilleure preuve. Le film est autant fun et jouissif qu'il est sombre et dérangeant, sans avoir le cul entre deux chaises si je puis dire, et sans que le rythme s'en retrouve ralenti. Tout est parfaitement géré.


Et la musique évidemment, impossible de ne pas connaître le thème de Terminator 2, parmi les plus connus et sans doute les plus puissants de l'histoire du cinéma (même si j'avoue que, comme celui de Jaws, il a tellement été détourné qu'au final parfois il me fait involontairement rire). Le reste du film n'y va pas non plus de main morte question musique et balance des sons puissants et variés, assez différents d'ailleurs que ceux du premier qui utilisait beaucoup d'électronique (ce qui n'était pas forcément un mal, qu'on se le dise).


En résumé, malgré un excellent premier film, je préfère sans hésiter cette suite, selon moi une quasi perfection en tout point. Intense, sombre, jouissif, Cameron avait tout compris à l'art de faire un film d'action qui s'ancre dans les mémoires pour de bonnes raison, à la fois intelligent, pertinent et spectaculaire. Ce que les années 90 avaient de meilleur à offrir en somme, avec le premier Jurassic Park, et en ce qui me concerne, sans aucun doute l'un des plus grands films de tous les temps.

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le 7 mai 2016

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Nick_Cortex

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