Art gore jusqu'à la mort!

Au cours de l’année 2022, la sortie de Terrifier 2 aux états-unis avait déclenché diverses réactions face à ce spectacle gore, ce qui a attiré mon attention. De plus, un slasher avec un clown psychopathe, cela ne peut que piquer ma curiosité. De ce fait, je visionne le premier opus qui fut une belle découverte. Certes, le terme n’est pas tout à fait approprié mais le film de Damien Leone est terriblement efficace et angoissant, à l’image de ce nouveau boogeyman des plus effrayant, Art le clown.

L’annonce de la sortie du second opus dans nos salles est surprenante, comme ce fut le cas pour le film gore coréen The Sadness. Terrifier 2 devait débarquer fin décembre 2022, avant d'être repoussé en ce mois de janvier 2023. C’est une belle manière de commencer l’année, ou presque.

Au commencement

A la fin du précédent opus, on assiste à la résurrection de Art (David Howard Thornton) dans une morgue. Dans un premier temps, cette suite se déroule dans la continuité de cet évènement. On assiste au sort tragique du légiste, qui annonce un nouveau volet tout aussi gore que le précédent. Un an plus tard, on fait la connaissance de la nouvelle héroïne Sienna (Lauren LaVera), de son petit frère Jonathan (Elliott Fullam) qui ressemble à un lama et de sa mère problématique (Casey Hartnett), suite au décès de leur père. Ainsi débute la nouvelle balade du clown Art se déroulant lors de la soirée d’Halloween.

D’Halloween à A Nightmare on Elm Street

Terrifier est une version gore du Halloween de John Carpenter. Cette suite lorgne du côté de A Nightmare on Elm Street de Wes Craven avec beaucoup moins d’efficacité.

Dans le premier opus, Art le clown suscitait de l’angoisse lors de ses apparitions. Son regard, sa dentition et son mutisme étaient une source de malaise. En dehors de la première scène, ainsi qu’à de rares exceptions, il ne suscite plus la peur. Au contraire, il prête plus à sourire avec ses mimiques outrancières. Certes, le rire est nerveux, cela reste tout de même un gros psychopathe capable du pire et surtout du gore.

A chaque fois, Art procède de la même manière. Il tente d’attirer l’attention de sa proie par des gestuelles dites comiques, alors que dès que tu le vois, tu as juste envie de t’en éloigner au plus vite, tant il est vraiment creepy. Puis, il l’agrippe et se met soit à la fouetter, la lacérer, la démembrer, la découper, la décapiter mais surtout, il ne peut s'empêcher de mutiler leurs visages. Art est surement complexé par sa laideur.

Damien Leone tente de varier les plaisirs avec des scènes oniriques où Art s'immisce dans les rêves de Sienna ainsi que de Jonathan. Comme Freddy Krueger, il laisse une trace de son passage qui sème le doute sur son existence. Les deux adolescents se retrouvent seuls face au boogeyman, leur mère ne voulant pas les croire, plus encline à leur gueuler dessus. La communication est difficile entre eux. Il faut dire qu’ils ne sont pas aidés par des dialogues insipides, qui étirent le film dans une vaine tentative d'analyse d’une famille endeuillée.

Lors de la découverte de la durée du film (2h20), on ne pouvait que se poser la question de la possibilité de tenir la cadence sur une telle longueur. La réponse se fait fortement ressentir durant la séance, elle est des plus négative. Le slasher s’étire lamentablement avec une incapacité à offrir autre chose que des scènes gores. Dans un format plus condensé, cela aurait été plus appréciable. Là, cela devient interminable.

Damien Leone est le Michael Bay du gore

Art le clown est apparu pour la première fois dans The 9th Circle, un court métrage de 2009. En 2011, on le retrouve à nouveau dans un court métrage qui s’intitule Terrifier. Ensuite, il poursuit ses aventures dans l’anthologie All Hallows‘Eve (2013) avant d'être à l’affiche de son premier film Terrifier (2016), puis d’éclabousser les écrans de salles de cinéma avec un torrent d’hémoglobine issu de ses victimes dans cette suite aussi longue qu’un jour sans kebab.

Depuis plus de dix ans, Damien Leone décline son clown sociopathe jusqu’à en faire un des boogeymans les plus terrifiants de l’histoire du cinéma. Pour ce dernier opus, il s’est enflammé, tel Michael Bay avec ses Transformers. Damien Leone en fait des tonnes, comme sa première scène onirique d’une exaspérante platitude. Le réalisateur ne parvient que rarement à nous faire ressentir des émotions car c’est bien cela que nous venons chercher dans ce genre de film, à ressentir de fortes émotions comme dans un grand huit.

Durant la séance, on dénombre sept abandons face à la violence des exactions d’Art, le fils caché de Jonathan et Jennifer (tu l’as?). Damien Leone parvient à dégoûter les spectateurs mais est-ce vraiment dans son intérêt? Certes, cela donne envie à d’autres de tenter l’aventure mais son but n’est-il pas de nous permettre de voir son film jusqu’au bout, pour assister à la scène post-générique des plus nauséabonde? A moins que comme un film pornographique, l’essentiel étant d’avoir évacuer son trop plein d'émotions, au lieu d’apprécier l'œuvre.

Malgré mes nombreux reproches, il faut relativiser tant Damien Leone parvient avec des bouts de ficelles, où plutôt des ligaments extirpés des nombreuses victimes, à nous offrir un spectacle gore des plus respectable.

Enfin bref…

Terrifier 2 est un gros film gore qui nous en met plein la gueule, sans parvenir à être aussi jouissif que le premier opus. Damien Leone continue d’écrire la légende de son boogeyman, Art le clown, dans le sang et la chair de ses victimes.