Ça fait un bout de temps que j'attendais de découvrir cet étrange thriller fantastique canadien présenté l'an dernier au festival Fantasia, qui avec ses jolies affiches avait l'air pour le moins curieux.
Un groupe de potes se retrouve pour un week-end dans un chalet isolé en pleine forêt, pour retrouver Tyler, leur ami d'enfance ayant passé quelques années en hôpital psychiatrique après la mort étrange de sa mère qui l'avait poussé à les attaquer avec un couteau. Une façon de lui montrer qu'ils sont prêts à tourner la page. Mais maintenant qu'ils sont tous mariés, alcooliques ou marqués à vie par l'incident, le séjour ne se déroule pas aussi bien qu'ils l'auraient imaginé ; jusqu'à ce que Tyler découvre en marchant dans la forêt l'existence d'une étrange barrière d'énergie, qui semble arrêter le froid, et qui possède des propriétés inattendues.
On pourrait s'attendre à un thriller psychologique, mais The Corridor est aussi et surtout un film d'horreur, un cabin in the woods modeste mais plutôt méchant. Les personnages possèdent tous un caractère spécifique développé pendant la majeure partie du film, et qui va devenir le fil directeur des évènements à venir lors du climax de la dernière demi-heure alors que les propriétés de l'anomalie dans la forêt se dévoilent. C'est d'ailleurs la représentation du phénomène qui est intéressante, et son influence sur l'environnement: une guitare qui emet un son insoutenable, des saignements de nez à répétition, des cassettes dont le contenu s'efface et change au fur et à mesure, le "couloir" du titre n'intervient jamais vraiment, il est juste une présence qui va pousser à bout les personnages. C'est très intriguant, et la musique dissonante et intrusive rend le tout encore plus inquiétant.
Mais le réalisateur (débutant) va beaucoup trop loin jusqu'à entrer un peu trop dans la SF fumeuse, avec des effets spéciaux ratés qui rendent le final, ambitieux, complètement ridicule. Idem niveau violence, il tape un poil trop fort en suivant un traitement similaire à celui du récent The Incident: nous faire comprendre les personnages pour mieux les déboîter à la fin quand la folie s'en mêle, avec notamment la technique rare, mais efficace du hors-champ qui fait grincer des dents. Scène réussie, mais malheureusement la seule vraiment intéressante du lot.
Bref, The Corridor c'est plutôt prometteur, aussi inventif que décevant, j'aurais bien aimé vous en parler un peu plus mais entre la bouillie visuelle de la débandade finale et les hallucinations à répétition je n'ai pas tout compris au dénouement. Dommage, le potentiel était là mais c'est juste une série b moyenne avec un scénario d'épisode de la Quatrième Dimension, rien de plus.