The Day
5.3
The Day

Film de Douglas Aarniokoski (2012)

Je pouvais difficilement être plus neutre concernant The Day : réalisateur et acteurs qui me sont inconnus, aucun retour sur le film (je n'avais pas cherché à en trouver non plus), à peine quelques lignes de pitch... Mais bon, un conseil est un conseil ! Retour sur une heure et demi de ma vie de perdue.

Le film s'ouvre sur ce qui s'apparente à une scène de flashback assez moche. Caméra bordelique, montage affreux qui prend un peu trop à coeur le terme de "flash", photographie saturée hors-propos et laide, ne servant qu'à créer un contraste formel avec le reste du film. Histoire de bien comprendre que c'est un flashback, au cas-où, on ne sait jamais, pour les deux du fond qui dorment. On pose quelques enjeux, un héros qui a perdu sa famille, on connait la chanson. Il faut avant tout souligner que finalement, cette scène n'est pas utile dans le film. Quelques lignes de dialogue (voire même moins) auraient largement pu le rappeler, et peut-être même de manière plus émouvante. On est donc indifférent dès le début du film.

S'en suivent les aventures de joyeux lurons en terre dévastée. D'emblée, ce qui choque, c'est le traitement formel du film. Baigné dans une photographie complètement désaturée à la limite du noir et blanc (pourquoi ne pas envisager un beau noir et blanc, à ce moment-là ?) qui n'a que peu d'intérêt. Serait-ce un désir de vouloir imiter la photographie de La Route ? Ou de s'en inspirer ? Pourtant dans La Route, il y a une vraie gestion des couleurs. C'est désaturé, certes, mais pas dégueulasse. Outre les couleurs, le jeu des lumières est absent, donc forcément, ça oscille entre des plans moches et/ou difficilement lisibles.

Toujours histoire de rester sur le traitement formel, une réalisation télévisuelle est appliqué au film. Ca c'est quelque chose que je ne comprends pas. Ca n'est même pas que ça fait téléfilm... pire, ça fait série. Cette manie de vouloir faire des légers travellings latéraux dès qu'il y a des dialogues et ce sous presque tous les axes, tout ça juste pour dynamiser un peu l'image... Mais c'est moche ! Et puis on ressent qu'on est clairement dans une réalisation de montage, où la séquence a été tournée sous de multiples axes, sans découpage précis, et est montée ensuite juste de manière "dynamique", et non de manière réfléchie. D'ailleurs, si on oublie la photographie, ça aurait pu être un épisode de Walking Dead. Ce qui n'est pas un compliment vu à quel point je tiens plutôt en horreur cette mode actuelle de post-apo (avec ou sans zombies) qui usine des tonnes de produits du genre.

Puis le film souffre de n'avoir aucune personnalité. Pendant tout le film, on sent que le gars a vu La Route, et qu'il s'est dit "je vais faire ma version, mais comme j'ai pas de thunes ça va juste être des mecs retranchés dans une maison qui doivent se défendre". En somme, c'est un film-bâtard né d'une enculade bien polie entre La Route et Assaut. Et 28 Semaines plus tard. A tel point que le réalisateur en arrive à plagier le fameux thème de John Murphy à la fin de son film. Immonde tant c'est reconnaissable.

Le reste, je ne sais pas trop quoi dire dessus. L'écriture est absente, c'est juste un concept, celui de retrancher des survivants dans une baraque et de leur faire endurer un siège. Cà et là il y a des tentatives pour développer les personnages mais c'est plus navrant qu'autre chose. Forcément, la faute à l'écriture, mais aussi à une interprétation désincarnée par des acteurs peu crédibles et mal castés. Puis je ne parle pas de la construction scénaristique globale, bordellique à souhaits, sans cohérence dans ses points de vue, sans notion du rythme...

C'est triste à dire, mais c'est un film qui n'a presque rien pour lui. Dans le meilleur des cas, il donnera juste envie de se remater le film de Hillcoat ou éventuellement la très bonne introduction du film de Fresnadillo (oui j'insiste sur cette intro, on ressent surtout l'influence de cette séquence). Alors oui, vous me direz, là c'est un réalisateur fauché qui fait comme il peut. Evidemment, mais ça n'est pas parce qu'on est fauché (puis le film ne l'est pas tant que ça, faut pas pousser non plus) qu'on se doit de délivrer un truc télévisuel. Je prends un film qui n'a pas forcément grand chose à voir, mais Bellflower assumait d'emblée son influence, pourtant il s'en émancipait et proposait autre chose avec un budget "moins cher tu meurs". J'étais pas forcément fan, mais c'était louable. Là c'est pas louable. D'ailleurs, même en location, le film vaut pas le coup.
ltschaffer
2
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le 29 juil. 2013

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Lt Schaffer

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