Inutile

Souvent cité comme l'un des meilleurs films d'horreur des années 2000, The Descent a eu droit à une fin différente aux États-Unis : en effet, la fin originale étant jugée trop sombre, il fut décidé de couper la partie où l'on voyait que Sarah ne s'était en fait pas échappée. The Descent : Part 2 reprend donc la fin US, où Sarah a réussi à se sauver : elle croise la route du vieux Ted, qui va prévenir les autorités. Dans le même temps, le shérif du comté conduit des recherches afin de retrouver les 6 filles disparues à l'endroit où elles étaient censées être dans le premier film. Mais les recherches n'aboutissent à rien, et cela fait maintenant 48 heures qu'elles ont disparu. C'est alors que le shérif est prévenu qu'une rescapée a été retrouvée à un autre endroit...

Le postulat de départ va rapidement déraper quand on se rend compte que le but c'est de ramener Sarah dans le réseau de grottes, et ce par tous les moyens. Déjà, elle est traumatisée, donc elle ne se souvient plus de ce qui s'est passé dans le premier film. Pratique. Ensuite, alors qu'elle est à l'hôpital, le shérif prend la décision complètement improbable de l'emmener afin qu'elle les aide à retrouver ses amies. Ce shérif qui est d'ailleurs le pire shérif de l'histoire des États-Unis, comme la suite nous le montrera. En passant, il y aura du spoil un peu partout, donc c'est mieux d'avoir vu le film avant de poursuivre. Ou de n'en avoir rien à faire, ce qui est tout à fait légitime.

Donc un policier remonte la piste de Sarah avec le vieux Ted, et arrive à l'entrée d'une mine abandonnée. Et là, que décide le shérif ? D'aller faire de l'exploration au petit bonheur la chance, sans prendre la moindre précaution. D'abord, le réseau qui descend à partir de la mine est mal connu. Pourquoi donc descendre à 6, alors qu'il faudrait plutôt envoyer les trois spéléologues de l'équipe de recherche pour étudier le terrain ? L'incompétence du shérif ne s'arrête pas là, puisqu'il décide de faire confiance à un vieillard sur la façon de descendre dans la mine, de n'assurer aucune liaison avec l'extérieur, d'emmener une personne traumatisée et hospitalisée, et une fois en bas, de faire du tourisme plutôt que de rechercher des traces des disparues.

Et puis en plus d'être incompétent, il est débile, parce qu'il décide d'y aller aussi ! Je sais pas vous, mais moi shérif, je laisse ce genre de boulot à mes sous-fifres. Ici, c'est le shérif ET son adjointe qui descendent, avec donc Sarah et les trois spéléologues.

Tout ça pour essayer de nous remettre dans l’ambiance du premier, mais c'est forcé, et surtout pas crédible. La tension ne monte pas vraiment, et on arrive assez vite à la première confrontation avec une créature. Et pour ne pas changer la recette, on provoque assez bêtement un nouvel éboulement (devinez par qui ? Le shérif !). Sarah se décide alors à retrouver la mémoire, et devient une survivore, alors que les autres, en tant que noobs, vont déguster.

Au niveau des personnages, c'est beaucoup moins bien que le premier. Les trois spéléologues sont complètement randoms, on ne s'y attache pas. Le shérif, j'en ai déjà parlé. Seule son adjointe Rios a droit à un développement, mais elle suscite de l'intérêt seulement parce qu'elle s'intéresse à Sarah et ne la lâche pas d'une semelle. Ce qui est le meilleur moyen de survivre, surtout quand on se met à crier à la vue d'un rat.

Le choix de faire revenir Juno est stupide. Non pas que je n'étais pas content de la revoir, au contraire. Mais cela entre totalement en contradiction avec la fin de The Descent, où elle n'avait aucune chance de s'en sortir.

Tout n'est pas à jeter dans le film. Il y a certains moments de tensions, le réalisateur a vraiment voulu recréer l'atmosphère du premier. Mais cela échoue parce qu'il n'y a plus de surprise, on sait à quoi s'attendre. The Descent : Part 2 est assez prévisible, on devine souvent quand les créatures vont attaquer. Créatures qui sont d'ailleurs devenues plus sympas, car elles préfèrent attaquer une par une, et le raffut provoqué par notre joyeuse équipe ne semble pas trop les déranger.

La bande-son est un copié-collé du premier film, ce qui est assez normal, vu sa qualité. Ce deuxième opus est malheureusement beaucoup moins immersif. J'ai quand même bien aimé le passage final où les trois survivantes essayent de se frayer un chemin vers la sortie.

On en arrive à la toute fin, et là ça pose problème. Le vieux Ted est utilisé comme un deus ex machina, toujours là où il faut quand il faut faire avancer le scénario. Sauf que ce personnage n'est jamais développé. Pourquoi fait-il ça ?
Le distributeur de The Descent avait censuré la fin parce qu'elle était trop sombre, et là on fait un truc pire ? Ce qui m'embête aussi, c'est que le sacrifice de Sarah n'aura servi à rien.

Je ne peux pas vous dire que The Descent : Part 2 vous fera passer un moment épouvantable. Le film vous fera plutôt rire devant l’absurdité de certaines situations, devant la bêtise de certains personnages. En fait, c'est l'exemple typique de la suite inutile, qui n'a rien à ajouter, rien à apporter à son prédécesseur. Donc, tenez-vous-en à la version internationale du premier, comme ça vous aurez un bon argument pour dire que ce film n'existe pas.

Pas de suite à The Descent donc. Mais un prequel, pourquoi pas ?