Après un passage à Taïwan qui fait de lui une star du grand écran et de rôles ponctuels qu’il tient sur le sol hongkongais durant les années 70, Alan Tang adopte d’autres cordes à son arc avec The Discharged. En plus d’être un membre actif de la société de production Wing-Scope, il s’attaque à la mise en scène tout en réunissant une équipe de scénaristes, la Wing-Scope Screenwriter Team. Cette dernière travaille d’un même homme sur le scénario comme elle le fera avec une poignée d’autres. Les moyens employés ont un objectif simple, surfer sur une tendance du moment, celle du polar qui est notamment initié par la Shaw Brothers dans la seconde partie des seventies. Ce genre de production n’a pas besoin de gros moyens financiers, ni d’une durée de tournage excessive et encore moins de décors couteux puisque ceux offerts par la ville font l’essentiel. Alan Tang tente alors de se frayer un chemin entre la SB d’un côté et la Golden Harvest de l’autre en imposant sa marque de fabrique qui se résume à sa propre personne. En somme, il est le mâle incarné dans des productions le plus souvent machistes et misogynes, comme ici. Pour le reste, les recettes sont connues et The Discharged ne déroge pas à la règle jusque dans sa trame classique et linéaire.


On assiste dès lors à une histoire simple, celle d’un Mainland, pauvre, réprimé pour ce qu’il est. Partie de rien et épaulé par quelques complices, il va s’imposer dans le crime organisé comme s’il prenait une revanche sur la vie. L’histoire de The Discharged nous est racontée par une voix off, narratrice d’un récit sombre où la fortune se fait par le biais de l’illégalité et du sang qui coule. Alan Tang campe un boss respecté qui a su s’imposer à tous ou presque. Il est sans pitié tout en conservant en lui l’âme d’un homme juste et loyal. Il représente un visage « respectueux » du crime. A son image, les autres personnages sont caricaturaux comme les interprétations. On trouvera ainsi la femme adultérine ou bien encore le fourbe (performé à merveille par Patrick Tse) qui viendra mettre la zizanie (orchestration de la « morale sociétale » pour sauver le film de son message obscur) et réduire ainsi à néant l’empire de Lee Kai Fa. Un acte qui débouchera sur une vengeance impitoyable dont notre anti-héros sortira avec honneur. L’ensemble est harmonisé par une réalisation lambda qui colle à son époque, le jeu du (dé)zooms fulgurant. On soulignera particulièrement le montage au couteau, typique du cinéma hongkongais qui participe à la rythmique du film. Un rythme soutenu tout du long et qui maintient son spectateur éveillé.


Si avec The Discharged, Alan Tang et Stanley Siu Wing n’inventent rien de nouveau, ils ont au moins le mérite d’offrir un spectacle que l’on qualifiera de respectable. Le film se laisse suivre tout en proposant quelques bonnes idées. Et comme souvent dans une production HK, on s’enthousiasmera surtout et avant tout pour le final. On y découvre le personnage principal interprété par Alan Tang venu en découdre et qui s’apparente indubitablement à l’un de ces héros japonais à l’aura énigmatique et à la vengeance froide et violente.


(voir peloche et + : https://hongkongmovievideoclub.wordpress.com/2013/02/01/the-discharged-1977-alan-tang-stanley-siu-wing-avis-review/)

IllitchD
4
Écrit par

Créée

le 1 avr. 2013

Critique lue 97 fois

IllitchD

Écrit par

Critique lue 97 fois

Du même critique

L'Enfer des armes
IllitchD
8

Director’s cut

Disparu. L’Enfer des armes de Tsui Hark est une œuvre mythique à elle toute seule. Troisième et dernier film de Tsui Hark de sa période dite « en colère », l’original est interdit par le comité de...

le 31 janv. 2013

31 j'aime

2

A Bittersweet Life
IllitchD
5

Critique de A Bittersweet Life par IllitchD

Kim Jee-woon réalise une pépite de style. La réalisation a du style comme son personnage principal (Lee Byung-hun). Tout y est stylé, les plans, les costumes taillés, la belle gueule du héro...

le 28 mai 2013

31 j'aime

The Murderer
IllitchD
6

Critique de The Murderer par IllitchD

The Murderer commence dans le Yanji, ce début de film est d’un aspect quasi documentaire, Na Hong-jin nous montre une région aux immeubles vétustes et sinistres. Il y a une misère palpable qui...

le 11 févr. 2013

30 j'aime

2