Sur trame historique, altérée, le métrage s'intéresse essentiellement aux relations entre le premier empereur Qin, Shi Huang (J Wien) et le compositeur Gao Jianli (G. You) et, pesant son poids dans le scénario *, aux relations de ces deux hommes avec la fille adulée de l'empereur.
Après une introduction grandiose qui compresse en quelques images et mots l'essentiel du film, le scénario revient sur le passé. Lorsqu'ils avaient 12/13 ans, le musicien redonne de la dignité à son frère de lait alors qu'il allait se faire exécuter. Délivré le prince prend le chemin de la cour voulant emmener avec lui le futur compositeur. Mais un homme de son entourage le dégagea manu militari pendant le voyage. Bien des années plus tard, alors qu'il s’apprête à unifier les trois royaumes avec le désir avoué d'unifier également les coeurs et les idées, Shi Huang fait enlever le musicien vivant sur les terres Yan au prétexte qu'il compose un hymne pour galvaniser soldats et peuples.
De là le film développe leurs relations chaotiques et conflictuelles à la fois amour et détestation. Gao Jianli, cette ombre de l'empereur, refuse de se soumettre, le cruel Shi Huang se montrant souvent magnanime à son encontre. D'autre part, le métrage met en avant cette fille préférée, YueYang (Xu Qing), dont l'empereur regrette qu'elle ne soit pas un garçon car digne de lui succéder. Cédant aux caprices de la demoiselle exigeante, parfois cruelle, il doit souvent s'opposer à ses conseillers, tout autant qu'il doit le faire pour ses partis pris vis-à-vis du musicien dont il veut faire le compositeur de la cour.
Ces relations faites notamment de séduction et menaces, de volonté de domination et de pacifisme, de mise en regard de la politique et des arts, fort bien traitées, loin des platitudes qui coulent certains films épiques, sont très bien soutenues par les acteurs, dont J. Wen et un G. You quasi parfait.
Un film parmi les plus gros budgets de son année, c'est dire qu'il y a de la densité dans la mise en scène et la (vraie) figuration. Les très belles images, ainsi que la caméra de Lu Geng Xin et le montage accompagnent le métrage avec talent.
Ce drame historique libre fut interdit pendant huit mois en Chine. Par ailleurs, le réalisateur a déclaré lors de la sortie du film qu'une de ces deux principales motivations avait été de travailler sur le désir de contrôle et domination des âmes, pensées, esprit par tout un chacun.



So the theme is that nobody’s mind can be controlled.



@ .indiewire.com
Le réalisateur a remporté une récompense au Festival de San Sebastian, et une nomination.
* Scénario de Liu Wei : "Red Cliff 1 et 2", "Le Mariage de Tuya", "Vivre"...

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le 6 juil. 2016

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