Le Flashpoint du pauvre

Après 10 ans à tenter de reproduire le succès d'Avengers de 2012, DC parvient enfin à capitaliser sur le succès (TRES mitigé) de son univers cinématographique et à accoucher de son projet outsider réécrit et reporté des dizaines de fois.

Alors étant donné que je n'ai plus l'énergie depuis longtemps de haïr Warner d'avoir saccagé sa licence et les héros de mon enfance, j'ai donc vu ce film sans trop d'attentes afin de simplement apprécier ce qu'il offre. Et il faut le dire, le travail est simplement fait; adaptation très libre de l'histoire de Flashpoint, humour mêta (Lego Batman l'a fait en mieux), action et effets spéciaux colorés. On est bien dans une aventure de Flash.

Allez, on va même saluer un peu la performance de Ezra Miller (avant de le mettre à l'asile) qui parvient même à être sympathique pendant certaines scènes. Le fait de confronter Barry à une version plus jeune et immature de lui permet de jouer sur les aspects jusqu’ici énervants de ce personnage et de marquer une évolution de son caractère face à la lourde tâche d'être un héros. Barry Allen a grandit, maîtrise mieux ses pouvoirs et ses responsabilités.

Le film utilise même intelligemment le concept de voyage dans le temps pour raconter cette origin-story de Flash qui manquait à toutes ses apparitions précédentes, le tout bien intégré à son arc principal, même si on n'évitera pas la référence lourde et usée à Retour vers le Futur...

Mais malgré tout, difficile de parler d'un vrai bon film. L'idée du paradox temporelle est utilisée avec tellement de pauvreté comparé au comic-book original. Au lieu d'une guerre immense entre amazones et atlantes, on se retrouve avec une nouvelle édition de l'attaque des kryptoniens de Man of Steel et un Batman vieux convaincu par Flash de remettre une dernière fois la cape. Un autre concept usé jusqu'à la corde qui ne fonctionne que parce que le Batman en question est Michael Keaton, brisant le compteur Geiger du fan-service à chaque scène d'action ponctuée par la musique de Elfman.

La nouvelle Supergirl est assez effacée, les caméos promis sont une succession de dioramas de quelques secondes à grand renfort de deepfake et effets spéciaux moches. Tout manque cruellement d'ambition et se contente de jouer sur la nostalgie et le capital sympathie d'une licence connue du public. Alors oui, Avengers 2012 faisait cela mais avait le mérite de l'avoir fait 10 ans plus tôt en ayant installé solidement ses protagonistes.

On passe un bon moment puis on passe à autre chose.