Dans la lignée de « Donbass » (2018) (****) de son compatriote Sergei Loznitsa, la réalisatrice ukrainienne décrit la situation de Louhansk, ville du Donbass près de la frontière russe et occupée par des partisans pro-russes, à travers la rencontre de 2 personnages que tout sépare, a priori : Nina, professeur d’ukrainien qui prend des cours de mise à niveau de langue russe et Andrii, jeune mineur et orphelin qui vit chez sa grand-mère. Ce dernier a déployé un drapeau ukrainien sur un toit de l’école où Nina prenait des cours. Celle-ci prend sa défense lors de son arrestation et tente de le faire libérer. Les 2 personnages évoquent (Nina mal à l’aise parmi l’entourage de son mari Yura et Andreii dont le père a été tué par des séparatistes) ceux du film « Une journée particulière » (1977) d’Ettore Scola où Sophia Loren, mère de famille, rencontre Marcello Mastroianni, intellectuel homosexuel, tous les deux privés de participation à la rencontre entre Mussolini et Hitler à Rome. La réalisatrice a fait le choix d’un drame plutôt que d’une tragédie mais dépeint bien la situation (alors que la Russie n’avait pas encore envahi l’Ukraine) : règne de l’arbitraire et des petits chefs violents (cf. la scène où Nina vient voir Andrii en prison), mépris des russophones vis-à-vis des Ukrainiens qui parlent une « langue de vache », débrouille et magouille de certains habitants de Louhansk, mépris et suspicion des habitants de Kiev, où règne la corruption, pour ceux qui viennent du Donbass (1,5 million de personnes déplacées). Le film bénéficie d’un traitement quasi documentaire, en lumière naturelle, avec beaucoup de gros plans et peu de profondeur de champ. Il a obtenu une mention spéciale au festival international du film de Varsovie en 2019.