Commençons par souligner une évidence: oui, plastiquement, The French Dispatch est magnifique.

Voilà, c’est dit. Les plans fixes, en ville comme en studio, donnent un charme incroyable au long-métrage de Wes Anderson et j’irais jusqu’à dire que c’est ce qui le sauve de la médiocrité.

Derrière, rien. Ou presque.


Un film à sketchs est toujours difficile car il faut impliquer son spectateur non pas dans un récit, mais trois en l’occurrence et c’est ce qu’Anderson ne parvient pas à faire. Le fil conducteur est presque inexistant et mon intérêt s’est délité petit à petit, au point d’avoir à peine suivi le dernier segment qui peinait à me garder éveillé.


Pourtant, The French Dispatch démarrait bien. L’introduction est joliment faite bien que bavarde, on s’amuse à visiter cette ville à la Tati et on s’intéresse aux premiers protagonistes. Peut-être est-ce le défilé de stars qui nous sort du film, mais je l’ai trouvé assommant. Assommant car les segments sont finalement assez courts et très fournis en explications pour s’assurer que nous suivons. On a donc cette voix-off qui ne cesse de bourdonner dans notre oreille pendant que les noms connus enchainent des rôles à l’écran pour à peine quelques minutes.

C’est dommage car ce premier segment est intéressant. Un bon sujet, de bons acteurs et la mise en scène si particulière de Wes Anderson permettent d’amorcer un récit qu’on aurait aimé voir durer davantage. Le trio Del ToroBrody Seydoux fonctionne vraiment bien et avait le potentiel pour porter un long-métrage.


Si j’ai accroché les wagons pendant la première partie, recommencer à zéro pour la deuxième m’a fait soupirer. D’autant plus que ce deuxième segment est nettement moins intéressant. Les partitions de Khoudri et Chalamet sont sympathiques mais la relation entre ce dernier et Frances McDormand n’est pas crédible pour un sou.

Pas le temps de s’attacher aux personnages, nous voilà déjà embarqués dans le troisième segment. C’est le début de la fin. Les changements entre couleurs et noir et blanc, déjà étranges, deviennent énervants et les enjeux du récit ne passionnent pas. L’intrigue est sous-développée et les acteurs sous-exploités. Enfin, les passages en animation finissent de nous faire sortir du récit et même s’il n’y a rien à leur reprocher esthétiquement, ils arrivent comme un cheveu sur la soupe et semblent davantage être une solution à un manque de budget plutôt qu’une réelle démarche artistique.


A vouloir trop en faire, Wes Anderson oublie que ses précédents succès ne sont pas simplement dus à son talent pour la mise en scène, mais aussi à des histoires pleines de charme, des récits qui nous font voyager dans un monde différent. Ici, le spectateur reste extérieur à tout ça, et s’ennuie.

Jake Elwood

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