Critique d'un film scandaleusement méconnu
C'est proprement scandaleux que sur ce site ce film ne récolte que sa deuxième note avec moi.
C'est dire si il est injustement méconnu, parce que c'est sûr quand je ne connais pas, c'est que ça l'est!
Et pourtant y'a quand même Gassman...V.I.T.T.O.R.I.O G.A.S.S.M.A.N et Gloria Grahame -que je n'écrirais pas en majuscule avec des points entre chaque lettre, parce que c'est fastidieux pour mes gros doigts boudinés de suffisance. Mais je n'en pense pas moins pour ce minois.
Non parce qu'il faut arrêter de rigoler deux secondes quoi. Comment se fait-il que personne n'ait noté ce film? Alors que sur IMDB ils sont plus de 200? Quel retard en France quoi encore, nation de paumés et petits du bulbe en ce qui concerne le cinéma. Et pas que.
C'est lourd en plus de devoir corriger, compléter voir créer des centaines de fiches chaque mois et d'inventer sans cesse de nouveaux films yougoslaves que jamais vous ne pourrez voir, pauvres mortels, mais que malgré tout vous DEVEZ voir, parce que c'est les chef d’œuvres qu'il vous manque pour finir d'asseoir les bases de votre médiocre culture.
Et même si ce film est américain, vous devriez tous avoir honte de n'avoir jamais posé votre regard sur son titre et doublement honte de ne même pas avoir saisi l'unique chance de votre vie de le voir.
Bref, c'est vraiment scandaleusement méconnu et c'est donc très bon.
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Quelque chose d'un peu plus argumenté:
"L’international Gassman joue ici un Hongrois fraichement sorti des Camps qui pour rechercher son ami Bob le GI va s'enfuir du bateau après avoir échoué à la case "bureau de l''immigration". S'ensuit une course poursuite avec des hommes-crapauds (des flics new-yorkais nourris déjà aux donuts) qui d'abord le cherchent pour le renvoyer via le prochain bateau dans cette Europe infernale, puis ensuite pour le sauver quand ils découvrent que oui Bob le clarinettiste existe bel et bien. Entre temps Gassman séduit quand même Gloria Grahame, fille de l'usine puis de la rue, qui vole des manteaux et des enfants pour aller dormir dans le métro et qui crache, la larme dans la voix, sur son ancien travail d'ouvrière en fabrication de lacets (brillante scène).
Bon, dit comme ça, on dirait un sombre mélo à la ''Rue de la mort'', insipide gâchis signé A.Mann.
Mais ici il existe une véritable atmosphère, un état de grâce véritable alchimie réussie que l'on doit aussi bien aux talents de ses interprètes (surtout Gassman et Grahame, mais aussi les seconds rôles), qu'à la photographie magnifique de toutes ces scènes dans New-York, éclairée de mille feux par les néons publicitaires et son intemporel brouhaha. La simplicité du récit et le propos à la fois clair, pas invasif et nuancé du discours finissent de parachever le sentiment d'être devant un bon film.
Alors oui, tout ces journaux pour un seul immigré ça fait très années 30 (je pense pas que de nos jours on écrirait à la une d'un canard réputé qu'un Hongrois est exclus du pays, à part si c'est Sarkozy...à l'époque non plus d'ailleurs), mais ça a certainement permis de faire pas mal de coupes dans le dialogue explicatif et de garder un rythme idéal pour rendre ces quelques heures dans New-York proprement haletantes.
Puis, hélas, une fois Gassman cabotine, je le reconnais, quand dans une salle vide de l'ONU il clame haut et fort son indignation face à l'iniquité de sa situation et autre ''comment prétendre amener la paix, si il reste un homme privé de liberté''. La seule anicroche à ce que je disais plus haut sur le propos du film, le reste est fort nuancé, le film ne montre-t-il pas après tout un service d'immigration qui prend l'Hongrois pour du gibier? Mais aussi tout ces à cotés d'une société d'abondance qui exclus quand même pas mal de monde."