Après le chef d'oeuvre Decasia et l'intrigant Spark of Being Bill Morrison réalise en 2013 The Great Flood, une sidérante promenade menée autour du Mississippi et de ses lointains débordements.


Situé à mi-chemin du documentaire ( The Great Flood est exclusivement composé d'images préexistantes ) et de la fiction ( le réalisateur chapitre son long métrage à la manière d'un document scénarisé ) le cinéma de Bill Morrison propose encore et toujours une Oeuvre plastique à la densité esthétique salutaire et passionnante, s'intéressant ici à la grande inondation ayant touché l'Arkansas et le Mississippi entre 1926 et 1927 dans les contrées américaines.


Au fil de l'eau, entre baraquements sinistrés, bétails transbahutés ou marigots sublimés par une onde moirée The Great Flood perpétue inlassablement le travail d'induration pelliculaire opéré par Bill Morrison depuis ses premiers courts métrages, jouant sur une image joliment gangrénée et sur le voilage du champ et du support. Le montage du film, exemplaire, se situe sur deux niveaux : sur la transparence narrative d'une part, sur l'artifice esthétique d'autre part. En véritable archiviste affabulateur Bill Morrison réussit à combiner ses ambitions de restaurateur du temps et ses recherches expérimentales... Raconter une histoire basée sur des faits réels n'est pas - dans le cinéma contemporain - d'une originalité forcément frappante, mais le traitement chevronné des formes historiques devient ici plus que précieux, nettement mis en valeur par l'accompagnement musical du guitariste Bill Frisell ( perdu quelque part entre le jazz, le blues et même parfois le ragtime ).


Il se dégage de ces visions de champs de coton en pleine décrépitude, de villes inondées et d'hommes et de femmes acceptant le coup du destin une tranquillité élégante et communicative. Bill Morrison signe donc un film à nouveau formellement très riche et totalement hypnotique. Moderne et captivant.

stebbins
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le 24 mars 2017

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