Assurément l'un des films de fantasy les plus singuliers de ces dernières années, The Green Knight soigne son œuvre d'une élégance rare.
Gauvain, héros d'abord présenté comme un noble débauché de Camelot, s'engage opinément dans une quête cynique : celle de s'avancer vers une fin abrupte emplie d'ironie, influencée par les légendes de la cour afin de recevoir les honneurs et la reconnaissance du roi. Le jeune chevalier amorce alors une quête qui le confronte tant à la dureté des paysages rocailleux et fangeux, qu'à des évènements recrudescents qui semblent tous issus d'un brouillard psychique et poreux, effaçant chaque repère, chaque trace laissée de ses pas hésitants. The Green Knight est d'une force aussi tranquille que brutale; son personnage eponyme, un colosse silencieux aux paroles résonnantes et mesurées, est un nemesis pour Gauvain : il se mure dans une attitude sournoises mais entretient un dessein salvateur, marqueur du chemin vers la maturité et l'humilité chevaleresque; évocateur de sage neutralité.
L'intensité symbolique et esthétique de la réécriture ainsi démontrée dans l'adaptation du poème originel peut paraître audacieuse, par la forte fonction d'identification initiatique masculine, mais elle perdra bon nombre de spectateurs non avertis d'un film évitant certes le simple objet stylisé, mais au scénario larvé et au rythme incontestablement latent.
Néanmoins, celui qui saura s'investir avec patience et abnégation en cette histoire pourra d'abord puiser de l'imagerie somptueuse servant une lecture neuve de l'interprêtation lyrique et nostalgique de David Lowery.