Film vu dans le cadre d'un jeu/défi proposé par MoonLucide, ci-joint le lien : http://www.senscritique.com/liste/Partage_de_films_edition_avril_2016/1265612


La critique se voudra tout aussi expérimentale que le film. Il s'agit d'une expérience assez inédite dans mon cas, bien que les frontières entre surréalisme, expérimentale et animation paraissent minces.


J'invite les lecteurs à se pencher sur des réalisateurs comme Walter Ruttmann, Norman McLaren, ou encore René Clair pour ne citer qu'eux.




Jan Svankmajer: son court métrage l'Appartement (1968)
https://www.youtube.com/watch?v=EEtfuqf92EA&nohtml5=False


Norman McLaren: son court métrage Neighbours (1952)
https://www.youtube.com/watch?v=4YAYGi8rQag&nohtml5=False


René Clair : son court métrage Entr'Acte (1924)
https://www.youtube.com/watch?v=rGvauaVlz3o




J'ai pu visionné le film en deux fichiers distincts et cela tombe bien car il m'a semblé distingué deux parties mais même dans son unicité, l'oeuvre oppose deux choses : l'homme et la nature.


Dans la premiere partie, les premières minutes peuvent paraître éprouvantes puis petit à petit une idée se précise au fil du temps. Ce qui est montré est imperceptible. Le son est cacophonique et répétitif (il me semble qu'il s'agit du bruit d'un train à vapeur qui s'approche et s'éloigne, ou d'un système mécanique et à vapeur). Puis, le spectateur assiste à un entremêlement de photogrammes. Eux aussi se répètent, un homme avec un fusil apparaît à plusieurs reprise, tantôt sur une seule image, distincte, puis sur deux photogrammes légèrement décalé dans le temps. Deux images semblables dans le fond donc, mais non dans la forme. L'une est dans un développement négatif, l'autre se présente dans une toute autre exposition. Tout au long de cette première partie, il y a enchaînement de plans. Jack Chambers expérimente la durée des plans, les ralenti, les accèlere, créant ainsi une illusion de mouvement par la fixité.
Au sein de cette première partie, il y a mélange entre la nature et l'homme. Un faon apparait, puis l'homme, puis les deux ensemble avec une relation de supériorité de l'un sur l'autre. Ils sont ensemble par la juxtaposition de deux plans (celui du faon, celui de l'homme) mais aussi dans le même plan (l'homme traînant le cadavre de faon)


Dans une deuxième partie, le spectateur retrouve une nouvelle opposition qui vient complété la premiere : la mort/la vie. Quoi que les frontières entre ces deux idées sont minces et peuvent se mélanger. Le spectateur assiste à la naissance d'un bébé humain, puis à la mort de moutons. Là où c'était très intéressant est de voir que le spectateur peut tout aussi être dégoutté de voir la naissance du bébé que de voir l'agonie des animaux. Lequel sera le plus déroutant, à vous de juger!


Anecdote : Personnellement j'ai beaucoup grimacé lors de cette séquence. Je sais comment on fait des bébés mais je peux vous dire que les images restent très impressionnante et... je salue le travail des sages femmes, et... je remercie les films de ne pas montrer ces images, de faire une petite entorse à la réalité en montrant le bébé sortir tout beau tout blanc des actrices.


Allez je vous décris la chose : un gros plan sur le vagin d'une femme enceinte, la tête qui sort petit à petit, et qui se fait extirper par une grosse pince.
Ps : Cronenberg, c'est un petit joueur! :p


Les couleurs viennent appuyer cette opposition (bleu/rouge). la cacophonie précédente est remplacé depuis par le bruit d'un cours d'eau. Une unique source de son qui peut avoir plusieurs interprétations sur ces différents plans.
Je disais plus haut que la frontière mort/vie était mince puisque le spectateur voit aussi à l'écran des images de fœtus de mouton mort, puis ceux d'humains.


Ainsi à travers ce film, Jack Chambers propose un nouvel espace-temps à travers les photogrammes, joue sur la matière même du film, la pellicule - tantôt le spectateur voit des images en noir&blanc, tantôt en négatif, puis parfois en couleurs - propose une opposition/rapprochement entre l'homme et l'animal. Un loup est tué par des hommes, mais est-ce que l'homme n'est pas aussi un loup pour l'homme? Ce film a été une bonne expérience et laisse le spectateur réfléchir sur l'intention du réalisateur.


Ps : Il s'agit là de ma propre interprétation du film, de l'expérience. Je vous invite fortement à voir le film et pourquoi pas partager votre point de vue. Peut être que j'ai vu des choses différentes, surement que l'intention du réalisateur est tout autre et si des témoignages de lui existe ou ceux de spécialistes, je vous invite à me les faire partager! J'ai pu noter seulement que Jack Chambers était considéré comme l'un des maîtres de fil de la seconde vague du cinéma expérimentale des années 60/70. J'ai volontairement oublié de parler de choses et d'autres dans ce film et j'en ai surement louper encore plus, comme la signification du titre Hart of London, pourquoi ce titre. Il semblerait que les plans de villes soient ceux de London d'Ontario, et que le sujet du film soit le cerf bien que je pense que ce titre à un autre sens. N'hésitez pas à le faire savoir :)

KazumaRg
7
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le 8 avr. 2016

Critique lue 280 fois

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