Je n'ai pas pour habitude d'écrire des critiques de film, et par "critique" j’entends "analyse" car trop souvent nous oublions que notre avis n'a aucune importance. Seul importe les qualités intrinsèques du film.
Rien à battre de savoir si l'on a aimé ou pas. Critiquer l'art n'est plus une question de goût depuis les "Ready-Made" de Marcel Duchamp.

J'écris alors pour corriger les injustices du jugement hâtif, pour défendre des œuvres injustement sous estimé et pour éclairer les distraits ou les non-initiés à l'image.
Car oui, regarder un film pour ensuite le juger et lui donner une cotation demande, au delà d'une plus ou moins longue réflexion, l'audace de juger l’œuvre d'un artiste et de mettre en lumière son talent et ses faiblesses.

Alors; Ai-je aimé The Impossible ? Peu importe.
Est-ce un grand film ? Sans aucun doute.

Je m'explique.

Tout d'abord, difficile de manipuler avec justesse un récit d'une telle force. C'est un peu comme jouer avec du verre brisé. Il faut insuffler un rythme haletant sans tomber sur la surenchère émotionnelle (mettons de côté cette dernière partie et sa dose quasi-indigeste de violons ).
À ce titre, Bayona s'en sort parfaitement bien en abordant sans attendre le thème de l'unité familiale qu'il défragmente dès les impressionnantes 15 premières minutes.
L'enjeu est montré, le rythme lancé et le ton donné. Un film sincère, alors dénué de cynisme peut commencer.

C'est alors qu'une riche grammaire cinématographique se met en place oscillant entre plusieurs genres.
Quelques minutes avant la scène du tsunami, qui s’érige en sommet du genre catastrophe, le découpage des plans et la mise en scène qui annonce l'arrivée de la vague fait penser à un film de monstre et rappelle "Godzilla" ou encore "La guerre des monde".
Oui, dans sa surface, The Impossible est un film impressionnant, surprenant et saisissant.
Mais c'est en son cœur qu'il brille, à l'image de ces étoiles mortes il y a bien longtemps mais qui scintillent encore.
La compréhension de la métaphore de ce message de vie et d'espoir, ouvertement exprimée dans le film, ne s'arrête pas là. Car si mort il y a, et que pourtant vision de la vie il reste, nous sommes bel et bien en train de parler de "fantôme". Cette scène pilier est un magnifique clin d’œil à son précédent film, "l'Orphelinat" (film d"horreur et de fantôme) et vient, au sein de sa narration très réaliste, semé une part de mystère, neutralisant cette fameuse annotation au début du film qui précisait : "Tiré d'une histoire vraie".
Et bien non, ce n'est pas la réalité, c'est une fiction, c'est un mensonge.
Au cœur d'un film si impliqué, c'est assez rare et brillant pour être souligné.

Le thème de l'enfance est très justement appliqué par le biais de sa rupture, de sa force et de son obligation à devenir un adulte et à agir en tant que tel.

J'aurais tant d’autres choses à en dire mais le plus frappant se trouve dans le film et non dans ce que j'aurais à en écrire.
Certaines images ne peuvent s'exprimer par les mots.

Il est alors dommage de constater que, globalement, les gens semble être restés à la surface et n'ont vu que le voile mélodramatique du film.
Car, au delà de la narration, au cœur de cette vague, se cache un océan de subtilités; parfois audacieuses et souvent touchantes...

À bon entendeur.
Thomas_Rossi
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le 23 janv. 2015

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Thomas Rossi

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