The Innkeepers
5.3
The Innkeepers

Film de Ti West (2011)

Les films comme The Innkeepers font du bien au 7e art. Tellement de bien, d'ailleurs, qu'ils ne sortent même pas dans les salles françaises, une preuve massive, s'il en est, de leur qualité. C'est du cinéma « de genre », pour ce que cela peut bien vouloir signifier, à vous de voir. C'est de l'horreur, de l'épouvante, soyons clairs. Le réalisateur, Ti West, n'en est pas à son coup d'essai. Les chanceux qui l'ont découvert, se souviennent en particulier du très bon The House of the Devil. On retrouve dans The Innkeepers les mêmes points forts : respect du public, respect des classiques, appropriation virtuose des codes. Du cinéma humble qui s'inscrit dans une vaste lignée. Pas de place pour s'éparpiller, peu de comédiens et un huis-clos, cela permet de prendre tout son temps pour créer l'essentiel.

L'essentiel, c'est exactement la proposition de The Innkeepers : des protagonistes qui ont de la substance, de l'ambiance habile et une histoire formidablement maligne. Le spectateur se fait retourner comme une vieille chaussette, avec trois fois rien. Ça semble simple, le film revendique même un certain minimalisme. Pourtant c'est très compliqué et de plus en plus rare. Déjà, cela demande de la réflexion ; de la part des auteurs, bien sûr, mais aussi de la part du spectateur. On est au-delà des attractions de fête foraine qui forment le tout-venant du genre. Ti West cherche (et trouve) le petit truc, le petit rebondissement, le petit détail, qui déstabilise même l'habitué le plus endurci. On entre dans The Innkeepers comme on entre dans une maison qu'on a visité cent fois. On croit tout connaître par cœur, et on se fait balader.

Le premier mouvement, le plus important, occupe la majeure partie du récit. Pour souligner les évidences : c'est celui de la caractérisation. Une héroïne, qui existe, avec force. Une héroïne, banale, drôle, crédible, parfaite pour l'identification. Là, il fallait une actrice à la hauteur et la performance de Sara Paxton mérite toutes les louanges. Ainsi, le metteur en scène nous tient, hop, on est pris au piège. On s'est fait embarquer. Parce qu'on a cru à l'histoire, on a cru à ses aspects comiques, on a cru à ses digressions en marge du fantastique, on a cru à son réalisme. Quand les mailles du filet se resserrent, on n'a plus le recul nécessaire. On y est, les deux pieds dedans. On en a peur, on est touché. Mission accomplie.

En plus, on y repense, parce que le film évite les explications superflues, il fait confiance au spectateur et à ses capacités d'analyse. The Innkeepers se revoit donc avec autant de plaisir. Car au-delà du suspens, des sursauts, il y a tout ce que je viens de mentionner : une mise en scène, des interprètes, des nœuds à défaire, des pistes à explorer. Du cinéma d'horreur subtil, attachant, sans jamais oublier d'être efficace, vraiment précieux.
Ed-Wood
8
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le 9 nov. 2013

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Ed-Wood

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