Merci Lucas pour votre critique qui m'a aidé à comprendre pourquoi ce film ne m'a pas emballé malgré le sujet et le cadre. Sur ces deux points, il faut reconnaître au film le mérite (trop peu vendeur, d'ailleurs Netflix le retire de son catalogue dans 5 jours...) d'attirer l'attention sur une crise (et un échec de la communauté internationale) bien trop méconnue sur un continent toujours autant délaissé, avec des décors que je trouve aussi remarquables que je ne m'imagine même pas à quoi doit ressembler la réalité...
Pour expliquer mon titre et ma très modeste note, évidemment il y a ces transitions assez enfantines même si elles doivent faire écho au métier de base du personnage dont il est question, graphiste. Il y a aussi cet acteur aussi inconnu qu'il a l'air juvénile et innocent, ce qui va aussi dans le sens de faire du héros un jeune idéaliste presque comme tout le monde à cet âge là. Mais ces touches de style créatif et d'esprit aventurier humanitariste ne font qu'éloigner le spectateur du potentiel humaniste de ce récit. Nous ne connaissons pas le vrai Dan et la vacuité du propos de son interprète ne nous aide sans doute pas. Au final, ce qu'il nous faut aller chercher dans ce film pour comprendre les motifs de cette quête sans issue sont plutôt des points négatifs comme une jeunesse dorée d'expatrié ayant pu s'offrir autant de voyages à à peine 20 ans, la facilité d'une bande de jeunes à vivre une vraie aventure dans un environnement où subsistent tant d'inégalités à l'avantage de leur milieu (qu'ils ne quittent jamais vraiment) et finalement aussi une vision sans doute trop schématique de la crise somalienne (qui reste beaucoup plus le décor que le sujet du film ; on croit d'ailleurs un bon moment qu'il y a une erreur grossière dans le résumé quand l'histoire vise d'abord le Mozambique... au final on se demande si le film n'aurait pas tout autant pu se promener dans d'autres pays en crise humanitaire vu que cette "aventure dans le tiers monde" s'attarde assez peu sur le quotidien de ces peuples ici additionés de manière très anonyme).
J'ai lu trop peu de choses sur la Somalie en 1992-1993, mais il semble que l'intervention onusienne (comme le héros du film) d'une part ait été victime d'une sous-estimation des forces en présence et d'autre part ait sous-estimé les conséquences catastrophiques de la médiatisation de son échec (retrait des américains dont la population a été choquée par la mort atroce de quelques soldats US, armée qui n'arrivera plus jamais à imposer la paix dans le monde... Irak, Afghanistan...).
En conclusion, je donne plus de sens à ce film en ce qu'il fait ressortir de la mentalité libérale post-coloniale anglo-saxonne qu'en ce qu'il nous sensibilise vraiment à la cause défendue par son héros. L'image donnée de ce dernier se rapproche bien trop de la caricature d'un jeune diplômé d'école de commerce et je finis par penser qu'elle illustre bien le fiasco systématique auquel nous mènent tous les optimistes forcés, positivistes superficiels qui préfèrent ignorer la complexité du monde, le respect de l'histoire des autres et le devoir d'écouter et d'apprendre avant d'agir utilement.

Ngok-le-choc
6
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le 1 nov. 2021

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