Justement oublié

Je viens de le découvrir sur Shadowz, un peu par curiosité historique plus que par réel attrait, on parle quand même de l’un des tout premiers found footage de l’histoire, sorti en 1989, longtemps avant The Blair Witch Project.

Forcément, quand on entend dire que The McPherson Tape est un pionnier du genre, on s’attend à un certain frisson d’authenticité, à ce sentiment d’être le témoin de quelque chose d’étrangement réel. C’est vrai qu’à ce niveau-là, le film a quelque chose de fascinant, avec son image crasseuse de VHS, ses dialogues improvisés, l’ambiance de fête familiale qui tourne au cauchemar, tout ça donne l’impression d’une capsule venue d’un autre temps.

Mais passé les dix premières minutes, la magie retombe assez vite.

On sent le film fauché et pas seulement dans ses moyens. Le scénario n’existe presque pas, la mise en scène est plate, et les acteurs semblent improviser sans véritable direction. L’idée d’un caméscope amateur qui filme une invasion extraterrestre pouvait être brillante sur le papier, mais elle se perd ici dans une succession de cris, de coupures d’électricité et de silhouettes floues à travers les rideaux. Le film est tellement minimaliste qu’il en devient amorphe, comme si tout reposait sur le simple concept du “regard trouvé”, sans jamais essayer d’en tirer autre chose.

Il faut aussi remettre en contexte... Dean Alioto a tourné ça avec 6 500 dollars et une poignée d’amis, sans équipe ni effets spéciaux dignes de ce nom. C’est un film fait de conviction et d’inventivité, pas de moyens. Et sur ce plan-là, je respecte profondément la démarche. Mais ça ne suffit pas à rendre le visionnage captivant aujourd’hui. Tout est si statique, si pauvre en tension ou en crescendo dramatique, qu’on finit par décrocher bien avant que les “aliens” n’apparaissent vraiment. Le faux réalisme finit par se retourner contre le film, il n’y a rien à voir, et donc rien à craindre.

Je comprends mieux pourquoi The McPherson Tape a fini oublié. Il a ouvert une voie, certes, mais sans la parcourir lui-même. Ce que d’autres comme Blair Witch ou REC feront bien mieux plus tard, capter la peur dans le banal, trouver un rythme, un sens du montage, une narration implicite. Ici, on reste coincé dans un brouillard d’intentions, un exercice d’amateurisme sincère mais étouffant.

Je n’ai rien contre les films fauchés, au contraire, mais encore faut-il qu’ils me fassent ressentir quelque chose. Celui-ci, malheureusement, ne fait qu’effleurer la promesse de son concept avant de s’éteindre. Intéressant à voir une fois, pour l’histoire du cinéma d’horreur, mais pas plus.