Un film généreux qui donne envie de l'aimer

Frank Darabont s'est fait une spécialité d'adapter les romans de Stephen King, puisqu'après les Evadés et la Ligne verte, il s'attaque en 2008 à la courte nouvelle Brume. Résultat, une fois encore il nous offre là l'une des meilleures adaptations des œuvres du célèbre auteur, The Mist étant une très agréable surprise malgré un budget limité et un casting de série B.


Déjà le film démarre sous les meilleurs auspices avec un hommage appuyé à John Carpenter et à Stephen King. Le personnage principal du film David Drayton (Thomas Jane) est un peintre illustrateur qui travaille sur une affiche fictionnelle de La Tour Sombre et on voit une affiche de The Thing sur un mur de son atelier de travail. L'ambiance est tout de suite posée et on nous présente notre petite famille, les Drayton (papa, maman et le fiston) ainsi que l'ensemble des protagonistes plus ou moins secondaires du film.


Mais tout ça, c'est avant que le brouillard ne commence à pointer de son nez. Le film ne perd pas de temps et très vite (au bout de même pas quinze minutes) l'ensemble du casting se retrouve alors coincé dans une supérette, bloqués par le mystérieux et inquiétant brouillard.


Certains personnages semblent un peu trop caricaturaux, mais très vite ils gagnent tous en subtilité, par exemple le bourrin de service qui devient fanatique religieux. Justement, la charge contre le fanatisme religieux est un point essentiel du film. The Mist n'est pas qu'un vulgaire film de monstres en huit-clos, il essaie de faire passer le message que la menace à l'intérieur du magasin est bien plus à craindre que la menace extérieure.


C'est là qu'intervient le personnage incarnée par Marcia Gay Harden. Elle est géniale en fanatique religieuse, leader d'un groupe de petits fanatiques qui grossit au fur et à mesure que la peur gagne du terrain sur la rationalité. D'abord sa folie nous donne envie de rire, puis nous énerve, pour finalement se révéler être le personnage le plus effrayant du film, même plus effrayant que les monstres à l'extérieur du magasin.


Par contre si certains effets spéciaux sont très réussis, plus généralement les effets pratiques, d'autres, notamment certains effets numériques, sont particulièrement hideux (les tentacules de la première créatures et les grosses bestioles volantes). Ensuite la mise en scène caméra à l'épaule en mode "docufiction" est très immersive, mais ça semble un peu trop improvisé pour le bien du film. C'est plus une mise en scène prétexte (par manque de temps) qu'une mise en scène finement étudiée. Tout ça, ça ressemble beaucoup plus à un téléfilm ou un épisode de série TV qu'un film de cinéma, quoi !


Et puis il faut évoquer le dénouement final, d'une noirceur abyssale. Différente de celle du roman, elle fut imaginée par Darabont et validée par Stephen King himself. Sans rien en révéler, c'est à la fois bouleversant et teinté d'une forte dose d'ironie.


Bref, The Mist n'est pas parfait, mais c'est vraiment un film qui donne envie de l'aimer, tellement ça déborde de bonnes intentions. Et tans pis pour les petits reproches, le plaisir est réel pour tous les adorateurs des œuvres de Stephen King.

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le 19 déc. 2020

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lessthantod

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