The Plague Dogs
7.6
The Plague Dogs

Long-métrage d'animation de Martin Rosen (1982)

The Plague Dogs est une fable animée pessimiste, qui fait froid dans le dos, où condition animale et suprématie de l’Homme sont blâmées. À travers nos chiens échappés d’un cauchemardesque laboratoire animalier, TPD est le porte-parole des inadaptés d’une société façonnée, des abandonnés de leurs semblables, des livrés à eux-mêmes.


Plus qu’une fable c’est une satire de la condition moderne aux pistes de lectures et de réflexions multiples. Et qu'en serait-il si nos chiens évadés étaient des Hommes ? Telle est l’interrogation qui remet elle-même en question bien des convictions.


Si dure soit l’œuvre, elle reste un appel au vivre ensemble dont la synergie est égale à la durée de vie de nos chiens et, implicitement, à l’épanouissement de l’Homme. J’ai par ailleurs extrêmement apprécié le rôle du renard, dont on se méfiera naturellement, et qui sera utilisé jusqu’au bout à merveille.


L’aspect post-traumatique est bien exploité à travers la scène de l’épicerie qui hantera nos amis à jamais marqués par ces «blouses blanches». Nous les suivrons donc prudemment dans leur escapade réaliste, qui s’apparent plutôt à de la survie, dans une animation sombre et merveilleuse qui éclipse tout semblant de longueurs.


À la question «Comment évoluent ces êtres livrés à eux-mêmes ?» J’ai trouvé la scène réponse d’aboiement, si courte soit-elle, absolument splendide. À défaut d’affection, le chien redevient loup et ne trouve que solution de survie dans son instinct le plus primaire.


J’ai été également grandement ému par les instants souvenirs de Snitter qui cherchent l’émotion tout en n’omettant pas la réflexion sur ce qui touche à l'inégalité de la naissance, à l'inégalité du destin.


Justement un contraste, également très court, marque l’hypocrisie de la classe privilégiée. Brilant moment qu’est celui avec cette bourgeoise et sa chienne toilettée. La maîtresse crache sur nos amis pestiférés pendant que son abruti de chien pisse sur un pneu, marche dedans, et se gratte avec la patte pleine d'urine avant d’être porté comme un accessoire.


Plus loin, critiquant le journalisme, nous avons une scène où nos chiens affamés foncent dans une voiture pleine de vivres : pour vitalement se nourrir. Pris en photos et commentés, avec un excellent contraste entre la musique joyeuse, nos amis sont montrés comme des monstres sans vergogne. Ici est donc souligné la facilité de détourner les images avec des interprétations diffamatoires dont sont maîtres les médias et esclaves les imbéciles.


Amis. Si je désigne nos protagonistes en tant qu’amis depuis le début, c’est que tout est fait pour qu’on prenne parti pour eux. Mais finalement, je le répète, si c’était des Hommes, n’aurions pas nous-même été un peu moins tranchés dans notre parti pris ?


Là est le tout de force, juste et subtil, d'un film passé presque inaperçu lors de sa sortie en 1982. Film survivant uniquement à travers une filiation entre passionnés de l’animation. Et toi, qu’attends-tu pour le faire vivre ?

Alex-La-Biche
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le 28 mars 2021

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Alex La Biche

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